Mariage royal (Partie 3)

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— Lalla Asma ! Vous m'entendez ?

Il était très difficile pour Victoria de répondre aux sollicitations de sa coiffeuse. Elle n'était ni dans cette pièce, ni parmi toutes les jeunes femmes qui guettaient avec impatience la fin de sa mise en beauté.

La jeune Anglaise était sur un petit et voluptueux nuage, bercée par d'exaltantes pensées, et cajolée par des souvenirs récents mais, oh combien, délectables. Son séjour au septième ciel avait débuté depuis la dernière visite d'Hicham, il s'éternisait depuis les insinuations de Walid, et elle s'obstinait à le faire perdurer jusqu'à son expulsion forcée.

Le sultan n'avais plus jamais pris le risque d'essayer de rencontrer une nouvelle fois la jeune femme, mais depuis son arrivée à Marrakech, il ne cessait de l'appeler quand son emploi du temps chargé le lui permettait. Quand ce n'était pas le cas, il lui envoyait un message.

Au début, durant leurs brèves conversations qui avaient illuminé ses journées, Victoria avait d'abord été stupéfaite en remarquant qu'Hicham ne lui parlait jamais du mariage, et qu'il se préoccupait plus de son bien-être. Peu à peu, la jeune Anglaise était arrivée à suivre le sultan sur un terrain très éloigné du seul lien qui devait les unir, sur un éden où ni l'accident, ni les enjeux du mariage, ni même l'irrationalité de ses sentiments avaient une place.

Pendant deux jours, le sultan et son ancienne captive s'étaient contentés de se connaître, de se découvrir, de s'apprivoiser. Sans vraiment d'approfondir dans des sujets intimes ou personnels, et en toute légèreté, le couple improbable avaient surfé sur la douce vague des passions et de loisirs.

Ce fut ainsi, à travers des échanges naïfs et innocents, que les deux jeunes gens avaient appris qu'ils partageaient plusieurs points communs, ou ces petits détails insignifiants qui ne comptaient vraiment que quand l'étincelle de l'amour se frottait à un cœur gorgé de l'essence de la passion.

Du chocolat mentholé, aux films muets, en passant par les randonnées et les chevaux, ce qui rapprochait le couple gagnait plus du terrain sur le compte de ce qui les séparait.

Charmée par la bienveillance et la tendresse d'Hicham, Victoria avait souvent l'impression de vivre l'incomparable et la délicieuse phase de séduction qu'aimaient toutes les femmes. Celle où un homme fou amoureux tentait de faire succomber l'élue de son cœur avec douceur et patience. Pourtant, ces sensations et ce rapprochement avec le sultan n'étaient pas ce que faisaient vibrer le cœur de la jeune femme.

Il y avait autre chose. Il y avait une promesse.

— C'est demain le mariage. Lui avait fit remarquer le sultan à la fin de leur dernière conversation.

— Comment oublier cela ?

— Je ne serai probablement pas en mesure de t'appeler durant toute la matinée de demain. Je m'en excuse à l'avance.

— Avec le programme qui m'attend, je crois que je ne serai pas en mesure de vous répondre aussi. Lui avait répondu Victoria toute comblée par l'affection de plus en plus évidente du sultan.

— Victoria, je sais que tu avais des choses à me dire. Des choses que j'avais refusées d'écouter. Cette fois-ci, je te promets d'être attentif à tout ce que tu me diras. Avait promis Hicham avec une voix qui vibrait sous l'hymne de la sincérité.

Victoria avait si hâte de se confier enfin au sultan, qu'elle avait attendu le jour du mariage avec impatience et nullement avec angoisse.

— Sultane ?!

Cette fois-ci, la voix de la coiffeuse parvint à ramener Victoria sur la terre ferme. La jeune femme fut reçue par des regards admiratifs et émerveillés avant d'avoir droit à un nouveau concert de youyous.

La sultane du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant