Les ombres du passé (Partie 2)

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— Amina, je te jure devant Dieu, que tant que tu seras mon épouse, je serai le mari qui te devras le respect, l'affection, le dévouement et la fidélité.

Brutalement, cette promesse, faite des mois plus tôt, foudroya le sultan alors qu'il découvrait pour la toute première fois les délices voluptueux des lèvres pulpeuses de Victoria. Avant même de ressentir si son baiser eut les mêmes effets exaltants sur sa sultane, il se redressa nerveusement, puis recula en portant sur ses épaules les pieds des remords et de la honte.

— Je suis désolé. S'excusa-t-il tout en fuyant les regards de Victoria.

Estomaquée et perdue face à l'étrange attitude du souverain, Victoria vécut un moment de flottement au milieu de sa désillusion et son désenchantement. Muette, elle suivit des yeux Hicham qui lui tourna le dos avant de s'éclipser derrière la porte fenêtre de la terrasse.

Curieusement, alors qu'une partie d'elle souhaitait hurler son indignation, l'Anglaise s'étonna de sentir en elle une certaine satisfaction. Ce qui venait de se produire entre le sultan et elle lui révéla trois vérités essentielles.

Hicham la croyait désormais. Elle était innocente à ses yeux. Mieux encore, il semblait éprouver de profonds sentiments à son égard. Hélas, il existait une raison qui l'empêchait de les avouer, et même de les vivre.

Le baiser d'Hicham ne dura qu'une fraction de seconde. Il fut doux et chaste. Il n'eut donc pas le temps de provoquer la moindre étincelle qui aurait allumé le feu de la passion. Cependant, le contact de ses lèvres sur sa bouche révéla plus que ne l'auraient fait les plus longs et les plus langoureux baisers.

Cette seule pensée suffit à faire planer Victoria. Elle n'était pas la seule à errer au milieu du brouillard de ses sentiments confus et ambigus. Hicham aussi souffrait de cette perdition émotionnelle et sentimentale.

Avec une sérénité qui l'étonna elle-même, la jeune femme quitta la cuisine pour se rapprocher du sultan qui fixait tristement le ciel étoilé. Elle se mit aussitôt entre lui et la balustrade du balcon, puis, avec douceur, elle posa sa main sur la joue du sultan, et la lui caressa tendrement.

Hicham baissa ses yeux peinés vers le beau visage de sa dulcinée. Il fut surpris d'y apercevoir le plus joli des sourires.

— Depuis quand s'excuse-t-on après avoir offert un aussi tendre baiser ?

— Je devais m'excuser, Victoria.

— Ce n'est pas vrai. Tu devais plutôt t'expliquer.

— C'est juste une erreur de ma part. Je n'aurais jamais dû t'embrasser.

Déçue et blessée, Victoria baissa sa main comme si ses doigts ne supportaient plus d'être en contact avec ce beau visage à la soyeuse barbe d'ébène.

— J'ai compris. Dit-elle avant de retourner à l'intérieur de l'appartement.

Convaincu que les pires idées allaient empoisonner l'esprit de la jeune femme, le sultan se pressa de la rejoindre. Il la trouva dans la cuisine en train de débarrasser la table avec des mains tremblantes de colère et de frustration.

— Victoria...

— C'est Asma ! Le corrigea-t-elle en le foudroyant du regard. Après tout, ne suis-je pas pour toi que ce personnage fictif qui ne dois pas sortir du scénario écrit par ton imagination ? Ne suis-je pas cet être que tu as créé, et qui doit donc se plier à ta volonté sans poser et se poser de questions ?

— C'est faux ! Et tu le sais bien ! Nia Hicham en lui retirant les assiettes qu'elle portait dans ses mains. Je n'oublie jamais qui tu es réellement.

La sultane du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant