Mariage royal (Partie 1)

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Hicham aurait aimé pouvoir rester plus longtemps à jouer au Roméo sous la fenêtre de sa sultane. Hélas, par peur de mettre en péril l'exécution de son plan, le jeune souverain dut quitter l'hôtel après s'être assuré du bonheur et du soulagement de Victoria.

La jeune Anglaise ne quitta le balcon qu'après la totale disparition du sultan de son champ visuel. Heureuse comme jamais, elle se jeta dans son lit nuageux qui la souleva au septième ciel.

Elle était heureuse. Probablement plus heureuse que le jour où elle avait rencontré David Anderson. Curieusement et assurément plus heureuse encore que le jour où Austin s'était mis à genoux pour la demander en mariage.

Hicham lui avait finalement pardonnée. Même en la considérant encore comme la responsable directe de la mort brutale de son frère, il lui avait accordé ce Graal insaisissable.

Elle, qui lui avait tenu rigueur à cause de son refus de prendre connaissance des preuves de son innocence, se sentit idiote d'avoir pris le risque de rater la chance de vivre un moment aussi exaltant avec le sultan. Être pardonnée sans être complètement innocentée offrait à cette absolution une dimension plus humaine, plus magique, plus intense.

En dépit de tout cela, Victoria jura de prouver son innocence à Hicham. Elle n'était plus prête de le quitter sans effacer l'image si horrible qu'il s'était faite d'elle.

Son enlèvement, sa servitude, sa séquestration puis sa confrontation directe avec ce qu'elle croyait être son erreur et son crime étaient finalement les étapes d'un voyage au fin fond de son être, une recherche de soi, et une profonde remise de question.

À cause de son histoire familiale, Victoria s'était toujours vue comme une moins que rien, une paumée, une lâche, un déchet. Elle avait beau remonté la pente, et sortir du gouffre de la perdition, son passé restait un boulet qui la tirait vers les profondeurs de l'insécurité et de l'incertitude.

Grâce à son séjour à Azima, la jeune femme découvrit qu'elle était capable de s'exprimer, de se défendre, mais surtout de s'attirer la sympathie et l'affection des gens, y compris ceux qui la jugeaient et la mal jugeaient.

Oumi était une véritable mère pour elle. Amina était désormais une allié dans son assaut à la forteresse de sa mémoire. Djalal était cet ange gardien qui apparaît rarement, mais qui la défendait farouchement dans l'ombre.
Hicham, lui, était ce sultan des siècles de lumières de l'orient et des légendes de soleil. Terrifiant, narquois, autoritaire, mais doux à souhait, charismatique à en crever, et cruellement séduisant.

Hicham était cet homme qui la rabaissait au point d'extraire ce qui était le pire chez elle. Il était également celui qui la valorisait jusqu'à lui faire découvrir ce meilleur qu'elle croyait ne pas avoir.

Et c'était peut-être cela qui l'avait séduit chez le sultan. Il n'était pas violent et sadique comme son père, ni charmeur et menteur comme Austin. Il était à la fois un maître intransigeant, un guide bienveillant, et un protecteur vaillant.

— Quel homme ! Pensa-t-elle avant de s'endormir.

À peine trois heures après qu'elle n'ait fermé les yeux, Victoria fut brutalement arrachée de son paisible sommeil. De stridents coups de feu suivis par d'étranges cris de femmes retentissaient dans tout l'hôtel jusqu'à en faire trembler ses murs.

Effrayée, l'Anglaise quitta précipitamment son lit en emportant avec elle son téléphone qu'elle avait serré contre elle toute la nuit. Avant même de s'enfermer dans la salle de bain pour pouvoir appeler Hicham, et demander de l'aide, elle entendit frapper à sa porte.

— Mais c'est quoi ce bordel ? Se demanda-t-elle en entendant des femmes qui chantaient à l'extérieur.

Intriguée, elle sortit de sa cachette, et ouvrit la porte de sa chambre. Elle fut aussitôt cernée et enlacée par une horde de jeunes femmes qu'elle reconnut immédiatement. Elle les avait toutes rencontrées chez les Alami.

La sultane du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant