Bien que l'ambiance se détendit entre elle et le sultan, Victoria priait pour retourner au plus vite au palais. Noyée dans la honte, elle baissait systématiquement ses yeux à chaque fois qu'Hicham répondait au téléphone qui ne cessait de sonner.La jeune femme ne savait plus où se mettre. C'était un roi, il gérait toute une nation assoiffée de liberté, et il tentait d'éloigner l'invasion ennemi, le sultan avait, pourtant, tout délaissé pour s'occuper d'elle, l'alcoolique qui avait tué son frère.
Par chance, alors qu'elle culpabilisait amèrement pour avoir occupé le souverain, ce dernier s'exclama joyeusement.
— Enfin une bonne nouvelle !
Curieuse, Victoria releva ses regards vers Hicham. Comme pour lui prouver son contentement, le visage préoccupé et crispé du souverain s'apaisa et s'illumina. Étrangement, et sans connaître les raisons d'un tel bonheur, la jeune Anglaise était comblée de le voir si ravi.
— Je viens d'avoir le consul Marocain au téléphone. Le roi a pu convaincre les Émiratis de me laisser un délai de dix jours avant de leur donner ma réponse. Ça nous laissera assez de temps pour nous préparer.
Perplexe, Victoria fronça les sourcils en se demandant si le sultan Azimite et le roi Marocain n'avaient pas oublié un détail très important.
— Mais les Émiratis vont être furieux contre le roi Marocain, non ? Je veux dire, après ce délai, ils vont apprendre que vous vous êtes marié à une princesse Marocaine, et qu'ils s'étaient fait duper par le roi du Maroc et vous. Cela va créer un grave incident diplomatique. Vous, à la rigueur, vous n'avez rien à perdre. Les Émiratis sont déjà des ennemis. Qu'en serait-il du Maroc ?
Admirant l'intelligence de Victoria, Hicham décida de la taquiner.
— Tu crois que deux rois avec deux armée de conseillers expérimentés auraient oublié ce détail ? Lui demanda-t-il froidement.
— Je suis désolée ! Ce n'est pas ce que je voulais dire ! Se pressa Victoria, épouvantée, de s'expliquer.
— Relaxe, Victoria. Je plaisantais. La rassura Hicham avec un large sourire. Et pour répondre à ta question, tout est prévu pour contenir la rage des Émiratis.
— Vous n'en avez jamais l'air.
— De quoi ?
— De porter autant de fardeaux sur vos épaules.
— C'est cela malheureusement être roi. Devant tout le monde, il est dans l'obligation d'arborer une façade digne, forte et austère.
— Et en intimité ?
— Et bien, s'il a la chance d'avoir à ses côtés des parents, une épouse, des enfants et des amis qui l'aiment et qui le chérissent, il se permettra de dévoiler sa vulnérabilité sans en être inquiété. Crois-moi, tous les souverains du monde, et à travers toute l'histoire humaine, aspiraient et aspirent encore à avoir ce luxe.
Un nouvel appel téléphonique interrompit la conversation entre Victoria et Hicham avant leur retour au palais. Le souverain, toujours accroché à son portable, déposa sa captive devant la porte principale des quartiers privés d'Amina, puis lui tourna le dos sans rien lui dire.
— Merci de vous être occupé de moi. L'interpella Victoria après une petite hésitation.
Hicham ne voulait ni s'arrêter, ni se retourner, ni répondre à sa captive. Il souhaitait même pouvoir lui cracher au visage une nouvelle méchanceté qui redresserait leur relation qui sombrait dans la l'affection et la tendresse. Il lui en voulait plus que jamais. Il lui reprochait de l'avoir affaibli et attendri au point de ne plus la haïr.
VOUS LISEZ
La sultane du désert
RomanceÀ cause de l'accident mortel qu'elle avait causé, Victoria Harris se trouve enlevée le jour-même du verdict de son procès. Pour la première fois depuis la nuit de drame, l'avocate Anglaise découvre que les victimes de son ivresse ne sont pas de simp...