La sultane du désert

Sérieuses menaces (Partie 2)

Malgré l'affection et la tendresse d'Hicham, Victoria était à cran. Désespérément, elle cherchait Walid du regard tout en essayant d'éviter les yeux inspecteurs du souverain.

La jeune femme ne cessa de trembler que quand elle aperçut enfin l'agent secret discuter avec la journaliste Anglaise.

Ayant entendu de sa bouche plusieurs histoires sur ses aventures, et quelques secrets sur ses méthodes de travail, Victoria devina que Walid dut déjà s'inventer une nouvelle identité pour tromper Brooke, et que cette dernière était déjà tombée sous l'emprise de ses mensonges. Le jeune homme avait un pouvoir de persuasion hors normes.

Alors que, physiquement, tout indiquait qu'il venait d'Afrique du Nord, il était capable de se prétendre Européen ou asiatique sans éveiller les doutes et les soupçons.

À peine sentit-elle les bienfaits du soulagement, que le cri d'une voix qui demandait à tous les présents de se rassembler devant le feu de camp la fit sursauter.

— Que se passe-t-il, Hicham ? Demanda-t-elle au sultan en s'accrochant à son coude.

— J'ai une dernière surprise et un dernier cadeau pour toi. Lui répondit le souverain en la tirant délicatement au milieu des convives.

Avec son remarquable charisme et sa voix envoûtante, Hicham parvint à faire imposer le silence, et prit la parole comme s'il était le maître du monde.

— Mesdames, messieurs, ce soir, je vous ai présenté mon épouse. La sultane Asma, la personne la plus importante et la plus précieuse dans ma vie et mon univers. Pour nous avoir fait l'honneur de partager notre joie, je ne peux que vous remercier en vous offrant quelque chose de précieux à l'image de ma sultane. Déclara le sultan avant de faire un geste à un groupe de serveurs.

Aussitôt et harmonieusement, les jeunes hommes se mirent à passer au milieu des présents. Avec un large sourire aux lèvres, ils prirent les invités de prendre une des petites boîtes en velours vert disposés sur les plateaux en or qu'ils tenaient dans les mains. Quand ils finirent leur tâche, le sultan reprit la parole.

— Veuillez, mesdames, messieurs, accepter ce petit souvenir d'Azima. Dit-il en faisant signe aux présents de découvrir leur cadeau.

Instantanément l'ébahissement s'entendit de toutes les bouches.

— Azima vous offre une de ses plus inestimables sources de richesse. Cette émeraude, est la pierre précieuse la plus pure au monde. Unique, rare, et encore méconnue, elle ne se trouve que sur nos terres. En tant que sultan du pays et premier responsable et serviteur de mon peuple, j'annonce que les gisements de cette émeraude sont la propriété exclusive des citoyens Azimites, que son exploitation sera la première source de revenu pour toutes les familles Azimites, et que ses bénéfices seront annuellement versés dans les comptes bancaires de la population.

Le sultan leva sa main pour faire arrêter le tonnerre d'applaudissements qui suivit son surprenant et à peine croyable discours.

— J'annonce également que depuis hier, cette émeraude figure dans le registre universel des pierres précieuses sous le nom de Najah. Déclara-t-il avant de baisser ses regards vers Victoria. Ce qui voudrait dire Victoire.

Victoria crut que l'émotion allait emporter son âme vers un paradis encore inaccessible pour son corps. Hicham ne venait pas uniquement de donner son nom à une émeraude, ni de perdurer son existence dans le pays à travers cette pierre précieuse. Le souverain venait de lui prouver qu'il tenait à sa promesse de faire d'elle la sultane d'Azima.

À la première richesse du peuple Azimite, Hicham avait choisi de donner d'une façon ingénieuse le prénom de Victoria et non celui d'Asma. Ce geste était plus que symbolique. C'était une preuve d'une détermination à la faire reconnaître officiellement.