Avant de se décider à prendre la parole, Hicham allait et venait devant une rangée composée des premiers responsables de la sécurité au palais.
Le corps digne, les bras crispés derrière un dos dressé, les regards durs et assassins, le sultan ruminait le temps de contenir sa fureur. Quand il fit enfin face à ses hommes, il se rendit compte qu'ils portaient déjà sur leurs épaules le poids de leur lamentable échec.
Comme son père et son frère avant lui, le souverain avait banni les cris, les humiliations et la pression dans sa relation avec son personnel. Certes, il y avait des jours où il devait hausser le ton pour imposer son autorité, mais d'habitude, quand ses serviteurs manquaient à leurs devoirs, il préférait les mettre face à leurs responsabilités plutôt que de les fustiger ou les punir.
Avant d'expliquer à ses cinq chefs de sécurité le motif exact de leur réunion d'urgence, Hicham les dévisagea un par un pour exprimer son mécontentement, puis, avec une voix calme, mais glaciale, il exposa les faits.
— Sous votre nez, messieurs, et alors que mon épouse, votre maîtresse et la sultane du pays, prenait sa douche, quelqu'un s'est introduit dans mes appartements privés, puis dans ma chambre à coucher. Cette personne, humaine sûrement, mais incroyablement invisible à l'œil nu, s'est même tenue devant la porte de ma salle de bain. Par chance, uniquement par chance, et nullement grâce à votre compétence, le but de cette intrusion était de transmettre un message à la sultane. Parce-que, si on avait cherché à l'agresser ou à la tuer, elle serait hospitalisée, traumatisée ou morte à l'heure qu'il est. Qu'auriez-vous fait, messieurs, si cet événement eut lieu chez vous, et que la cible était vos mères, vos sœurs, vos épouses, ou vos filles ? Qu'auriez-vous pensé des gardes à qui vous avez, en toute confiance, confié la sécurité des femmes de votre famille ?
Submergés par la honte et la frustration, les hommes d'Hicham souhaitèrent mourir fusillés plutôt qu'être ciblés par les reproches de leur souverain. Plus que cela, les fidèles sujets du sultan Azimite comprirent la gravité de ce qui s'était produit à leur insu.
La famille et l'intimité royale furent exposées à une menace certaine. Alors qu'ils étaient les garants de la sécurité rapprochée du sultan et de sa nouvelle épouse, ils avaient failli à leur seule et unique mission.
En voyant les visages de ses hommes se décomposer, Hicham se sentait fier d'avoir choisi les bonnes personnes pour assurer sa sécurité. Malgré leur impardonnable erreur, il était évident qu'ils donnaient à l'incident un aspect personnel. Et le sultan ne demandait pas plus que cela à son entourage. Néanmoins, il ne se gêna nullement d'enfoncer le clou en s'attaquant à leur fierté professionnelle.
— Planifier cette intrusion est déjà un crime de haute trahison dont vous êtes les complices. Mais qu'on vienne violer l'intimité de la sultane et de ma femme, sous mon propre toit, et en toute liberté, m'encourage à tous vous condamner à mort sans faire la moindre enquête. J'ai même envie de vider le palais de tous ses occupants et tous les jeter en plein désert, coupables et innocents ! Je vous fais, cependant, entièrement confiance, car je vous connais, mais parce que je connais surtout le coupable. Ma mère a envoyé quelqu'un pour transmettre un message précis à la sultane, or que je lui avais interdit tout contact avec elle. Je veux savoir qui lui a obéi. Je veux connaître le restant des traîtres qui travaillent sous d'autres ordres que les miennes ! Et ceci avant le coucher du soleil, est-ce clair ? Avant le coucher du soleil !
À sa grande satisfaction, Hicham eut une réponse à peine eut-il fini donner le délai à ses hommes. Le premier responsable de la sécurité s'avança vers lui et le regarda droit dans les yeux.
— Votre altesse, en dépit de l'inacceptable violation de vos appartements, je clame haut et fort que vos quartiers privés font partie de la zone la plus sécurisée du palais ! Je suis certain qu'il n'y eut aucune faille dans notre système de sécurité.
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La sultane du désert
RomantizmÀ cause de l'accident mortel qu'elle avait causé, Victoria Harris se trouve enlevée le jour-même du verdict de son procès. Pour la première fois depuis la nuit de drame, l'avocate Anglaise découvre que les victimes de son ivresse ne sont pas de simp...