L'inestimable pardon

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En retrouvant sa cellule et son lit après la fin bouleversante de sa réunion avec le sultan, Victoria se demandait encore comment la situation lui avait échappé, et comment avait-elle fini à supplier Hicham d'accepter son aide, alors qu'elle était supposée être celle qu'on conjurait.

Elle conclut finalement qu'elle ne battait ni pour garantir la liberté d'un peuple, ni même pour récupérer la sienne.

Prisonnière depuis ce qui lui semblait une éternité, Victoria comprit qu'elle ne saurait quitter sa prison sans obtenir le pardon d'Amina et celui du souverain. Et ceci bien-qu'elle était persuadée qu'il lui serait encore plus facile de mettre sa main sur le Graal.

Épuisée et éteinte, la jeune femme finit par s'en dormir avec l'espoir de se réveiller moins soucieuse et plus éclairée.

À sa grande déception, elle réouvrit les yeux plus tourmentés que jamais.

Terrassée par son horrible dilemme, Victoria était partagée entre son désir de retourner chez elle au risque de se confronter à la trahison et l'infidélité d'Austin, et son envie de rester au palais loin de la réalité dévastatrice qui l'attendait à Londres.

Pour se changer les idées, la jeune femme prit une longue douche pensant qu'un corps détendu apporterait un peu de légèreté à son esprit tourmenté. Rafraîchie, mais nullement apaisée, elle sortit retrouver la princesse.

Oumi l'accueillit chaleureusement en la serrant dans ses bras.

— Comment allez-vous ce matin, miss Harris ?

— J'étouffe, Oumi.

— Oui, il fait particulièrement chaud ce matin. Je vais mettre la climatisation en marche.

— Non. J'ai une meilleure idée. Rétorqua Victoria en fixant la terrasse couverte de la chambre à coucher d'Amina.

Convaincre Oumi de sortir la princesse de son lit ne fut pas de tout repos. Sceptique et anxieuse, Zahra craignit, d'une part, de faire mal à Amina, et appréhendait, d'une autre part, le mécontentement d'Hicham et de Djalal.

Victoria réussit toutefois à la pousser à tenter l'expérience. Avec l'aide de la vieille femme, elle parvint à transporter la princesse en dehors de la chambre, puis à l'allonger sur une chaise longue protégée par un toit en feuilles de palmiers.

— Vous croyez que cette position est confortable pour elle ? S'inquiéta Oumi.

— Mais oui ! Elle profitera du soleil tout en savourant la fraîcheur sous l'ombre. On doit juste bien l'hydrater.

— Vous me faites rappeler que vous n'avez pas encore pris de petit-déjeuner. Je vais vous chercher votre repas ainsi que des bouteilles d'eau pour la princesse.

— Je n'ai pas faim.

— Qu'avez-vous, miss Harris ? Demanda Zahra à la jeune Anglaise en s'asseyant à ses côtés. Hier, après la réunion, j'ai pensé que vous aviez besoin de vous retrouver seule, je n'ai donc pas voulu vous importuner avec des questions. Le sultan vous a-t-il malmenée ou menacée ?

— Au contraire. La rassura Victoria en se recroquevillant sur elle-même. Pour ma part, j'ai accepté d'aider le sultan. Quant à lui, il a répondu favorablement à toutes mes exigences.

— Par Allah ! Miss Harris ! Vous allez donc apporter votre soutien au sultan ?! C'est officiel ?!

Zahra n'eut le temps de laisser son euphorie l'emporter au septième ciel en obtenant l'affirmation de Victoria. La tristesse de la jeune femme était si palpable qu'elle n'osa faire preuve d'égoïsme.

La sultane du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant