Obscure vengeance

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— Miss Harris...Miss Harris...

Perturbée dans son sommeil par ces appels doux et chantants, Victoria ouvrit péniblement ses yeux qui froncèrent à l'accueil de cette seconde journée d'emprisonnement. De sa bouche sèche et grimaçante, des gémissements s'échappèrent en réponse aux hurlements de ses membres et muscles endoloris après une nuit entière passée sur le sol de sa cellule.

Cauchemardesque, son court voyage dans le monde des songes ne lui apporta finalement aucun soulagement.

Croyant à tort que la voix qui la réveilla ne fut que la dernière scène d'un rêve dont elle ne se souvenait guère, la jeune femme ne prit pas la peine se lever. Elle préféra rester allongée à ruminer son malheur.

— Miss Harris, mais pourquoi vous vous êtes endormie sur le sol voyons ?

Se rendant enfin compte qu'une seconde personne se trouvait réellement dans la pièce avec elle, Victoria redressa brutalement le haut de son corps en s'appuyant sur les paumes de ses mains. Elle tomba nez à nez avec le visage, très marqué par le passage des ans, d'une vieille femme voilée et entièrement vêtue de noir.

L'aspect et l'apparence sombre de l'inconnue âgée donna à cette dernière l'air d'une sorcière maléfique sortie d'un conte d'horreur perse. Cette effroyable impression, qui fit d'abord reculer la jeune Anglaise, ne tarda pas à laisser place à une vision plus rassurante. Quand la vieille femme lui sourit radieusement, elle se transforma comme par enchantement en une charmante grand-mère.

— Qui êtes-vous ? Que voulez-vous de moi ? Lui demanda Victoria paniquée.

— N'ayez pas peur, miss Harris. Mon nom est Zahra, ce qui signifie Rose dans votre belle langue. À présent, comme vous le voyez, de la fleur j'en ai qu'un nom fané, alors tout le monde au palais m'appelle Oumi. Un gentil et respectueux surnom qui veut dire mère. Je fus, dans le temps, la nourrice du sultan. À présent, j'ai la noble tâche de m’occuper de la pauvre princesse Amina. Je...

— Je m'en fiche ! L'interrompit Victoria en la tenant par les bras. Vous devez m'aider ! Votre sultan me tient prisonnière ici. Je dois contacter ma famille pour qu'on vienne me délivrer.

— Hélas, miss Harris. Je ne peux répondre favorablement à votre requête. Ici au palais, et dans tout Azima, personne n'osera désobéir aux ordres du sultan, où aller à l'encontre de sa volonté et de ses désirs.

— Je ne vous demande pas de m'aider à fuir. Insista L'anglaise en serrant les coude d'Oumi. Je vous prie juste de contacter mes proches pour leur dire où je me trouve. Vous pouvez faire ça tout de même !

— N'espérez cela de personne, miss Harris. Je vous conseille, pour l'heure, d'accepter la fatalité. Ça sera mieux pour tout le monde, à commencer par vous.

Écœurée par l'ignoble raisonnement de la nourrice du sultan, Victoria la relâcha tout en la poussant brutalement loin d'elle.

— Fiche-moi la paix alors, vieille sorcière !

S'attendant vraisemblablement à cette réaction violente et outrageuse, Oumi reçut la blessante insulte de Victoria sans en être blessée ou outrée.

— Miss Harris, vous êtes en colère, et c'est normal. Je ne peux que le comprendre. Il n'est pas facile de se retrouver prisonnière et loin de son pays et de ses proches. Face au destin, cependant, il est souvent préférable d'arborer l'arme de l'acceptation plutôt que de brandir le bouclier des faux espoirs.

— Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans fiche-moi la paix ? Remballe tes conseils à deux balles, et tire-toi d'ici !

La colère de Victoria sentait tellement la fragilité que la nourrice du sultan la jugea pathétique. Malgré cela, elle ne put s'empêcher de ressentir une profonde compassion pour la pauvre jeune femme.

La sultane du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant