Aveux et confidences

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Enragé et furieux contre lui-même avant d'en vouloir à Oumi, Hicham sentit que son âme suffoquait dans son propre corps, et que son esprit s'étouffait dans son enveloppe charnelle qui le compressait sans la moindre clémence.

Au bord de l'asphyxie, le sultan savait qu'il n'existait qu'un seul remède pour aérer et rafraîchir ses organes. Comme à son habitude quand tout allait mal dans sa vie, il décida de retrouver son mustang pour une chevauchée effrénée autours de la muraille du palais.

Le sultan eut à peine le temps de poser la main sur la poignée de la porte de la chambre d'Amina que celle-ci s'ouvrit pour laisser apparaître Victoria.

La jeune Anglaise était intégralement voilée, mais Hicham la reconnut sans aucune peine.

Ne s'attendant pas à se trouver face à face avec des yeux sombres aux regards sévères, Victoria se pressa de se justifier auprès du sultan croyant qu'elle était la raison de ce déchaînement de colère qu'elle voyait venir.

— Euh, Oumi m'a dit que je n'avais plus besoin d'être escortée par elle, et que, cachée sous mon voile en prétendant être une servante nommée Jihane, je pouvais désormais me déplacer librement entre les appartements de la princesse et ceux qui m'ont été attribués. Balbutia-t-elle nerveusement comme un enfant qui venait de commettre une bêtise.

— Tout à fait. Répondit Hicham sèchement avant de céder le passage à la jeune femme.

Victoria déglutit avant de s'éloigner nonchalante de la porte. Elle retira le voile qui lui couvrait le visage, et fixa le lit de la princesse avant de reposer ses regards sur le sultan.

— J'ai encore le droit de m'occuper de la princesse ?

— Parce que c'est un droit maintenant ? Lui demanda Hicham sur un ton sec que Victoria ne sut interpréter.

Déçue par cette réaction fort désagréable qui remettait en cause sa tendresse envers la princesse, la jeune femme désabusée tourna le dos au sultan, puis s'avança vers le lit d'Amina.

Immédiatement, la main de Hicham lui agrippa les doigts avant de la faire tourner vers lui.

Comme à chaque fois qu'il la touchait, comme à chaque fois qu'il l'approchait, comme à chaque fois qu'il plongeait ses regards dans ses yeux, Victoria laissa sa rancune envers lui s'incliner devant sa fascination pour lui.

— J'ai à te parler, on peut aller dans ta chambre ?

Bien que la voix du sultan prit une tonalité plus tendre, Victoria n'était pas prête à se laisser intimider ou berner par les sauts d'humeur du jeune homme.

— Parce que ce n'est pas ma cellule maintenant ? Lui rendit-elle la monnaie de sa pièce avant de le repousser.

Cette petite pique digne d'une petite fille d'à peine six ans fit d'abord sourire le sultan qui finit par éclater de rire.

— Cessez de vous moquer de moi. S'indigna Victoria.

— Je suis navré. S'excusa le sultan. Tu as une présence d'esprit très remarquable. Une vraie avocate !

Ce compliment précis fit dissiper la colère de Victoria. La jeune femme avait tellement fait de sacrifices pour gagner ce titre, qu'être reconnue comme une avocate, spécialement par le sultan, était une récompense inestimable à ses yeux.

Ses nerfs flattés puis adoucis, la jeune Anglais se vit forcée de baisser ses armes face à Hicham pour pouvoir lui faire part de ses angoisses.

— Et vous pensez vraiment qu'une avocate peut devenir une sultane ?

La sultane du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant