L'homme et le souverain (Partie 1)

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Heureuse de sa grande réconciliation avec son fils, Cheikha Salima n'oublia pas pour autant que la reconstruire leur relation sur la base solide de la confiance demandera beaucoup de temps. Afin de gagner de précieuses années, elle fit un geste très fort envers son fils pour lui prouver son inconditionnel soutien. Elle lui donna une liste complète des espions qui travaillaient pour le compte de ses ennemis.

Le sultan fut ébahi de découvrir certains noms parmi les traîtres, il fut également soulagé de pouvoir éliminer d'autres sur lesquels le doute planait, mais il apprécia surtout la démarche de sa mère.

— Mère, en me donnant cette liste, tu viens officiellement de trahir ta famille.

— Ils ont tué mon fils, Hicham. Aucune mère ne peut pardonner qu'on lui arrache son enfant de cette façon sanglante. Cette trahison est une maigre vengeance. J'attends que tu leur assignes le coup de grâce en pulvérisant leurs inspirations à soumettre Azima.

— Au nom du sang versé de Zayd, il en sera ainsi, mère. Ce qui me désole et m'irrite, c'est que tu vas devoir continuer de vivre avec Ali. Quitte-le, je t'en prie. Reviens vivre au palais.

— Ma place est avec lui pour le moment, Hicham. Il s'est joué de moi, c'est mon tour à présent de lui rendre la pareille. Les informations que je saurai lui soutirer te seront d'une grande utilité dans ton ultime bataille.

Après une hésitation évidente, Hicham finit par serrer sa mère dans ses bras, puis, pour lui témoigner son affection et son respect, il l'embrassa longuement sur la tête et le front. En réponse à cela, cheikha Salima s'inclina pour lui prêter allégeance, et pour lui déclarer sa totale soumission à son autorité et à sa volonté.

— Fils, j'aurais aimé pouvoir profiter de cet instant magique plus longtemps, mais, par peur d'éveiller les suspicions d'Ali, et afin d'exécuter notre plan, je dois hélas retourner auprès de lui. 

— Je te conjure d'être très prudente, mère. Tu es tout ce qui me reste de ma famille.

— Tu as à tes côtés la femme de ta vie.

En comprimant un profond soupir, la mère d'Hicham comprit que son fils souffrait atrocement en silence. Délicatement, elle le sortit de la chambre d'Amina, puis l'invita à s'asseoir dans le salon, et à lui faire des confidences.

Comme s'il n'attendait que la première occasion pour vider son cœur, le sultan raconta à sa mère comment il était tombé fou amoureux de la jeune Anglaise. Malgré la complexité de l'histoire d'amour qu'il vivait, cheikha Salima était ravie et enchantée de le savoir comblé. Néanmoins, elle ne put fermer les yeux sur le point noir qui tâchait son idylle.

— T'entendre parler d'amour avec une telle amertume m'a fait comprendre que tu n'as rien dit à cette jeune femme à propos d'Amina, ou me trompé-je ?

— J'étais pris de cours, mère. Je ne m'attendais pas à ce qu'Amina me refuse le droit d'aimer. Quant à Victoria, à chaque fois que je me décide à lui parler, un grave événement se produit et m'empêche de me concentrer sur cette vérité que je me dois de lui dire. Confessa le souverain avec la tête baissée.

Touchée par le malheur de son fils, Salima lui caressa les cheveux avec douceur, puis elle posa ses mains sur son dos et son épaule pour lui montrer tout le soutien qu'elle était prête à lui fournir.

— Tu pourras toujours divorcer, Hicham.

— C'est hors de question, mère. L'interrompit Hicham avec fermeté tout en relevant la tête. Amina n'est pas un déchet, ni une poupée, ni un objet. Ce n'est même pas la fiancée de Zayd ! C'est ma petite sœur, mère ! Ma petite sœur !

La sultane du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant