La sultane du désert

Une cérémonie sous haute tension (Partie 1)

— Oumi !

Si le tonitruant cri de joie qui l'accueillit à son arrivée émut grandement Oumi, rien n'égalait à ses yeux le contact chaleureux de son corps usé par la vieillesse avec la jeunesse, la beauté et la grâce de celle qu'elle considérait comme sa fille.

Victoria se jeta littéralement sur sa confidente pour l'emprisonner entre ses bras qui sautillaient de bonheur.

— Oumi, tu m'as si manquée ! Je suis si heureuse de te retrouver et de te savoir près de moi !

— Votre départ a fait éclipser le soleil de ma vie et de tout Azima, Sultane ! Dites-moi tout, votre altesse. Comment allez-vous ? Comment s'était passé votre voyage au Maroc ?

— Je vais tout te raconter, Oumi ! Hicham a ordonné de me servir un copieux déjeuner oriental sur la terrasse, on vient de l'apporter. Et si tu le partageais avec moi ?

— Hicham ?! S'étonna Oumi d'entendre la jeune Anglaise prononcer si intimement le nom du souverain.

— Il m'a demandé de le faire pour ne pas...enfin...vous voyez ! Se défendit Victoria démunie du pouvoir de persuasion.

Intelligente et perspicace comme elle était, Zahra n'avait pas manqué de remarquer que le couple n'était pas tout à fait rentré au pays comme ils l'avaient quitté. À la télévision, en les voyant descendre de l'avion et saluer le peuple, elle avait rapidement noté qu'Hicham et Victoria semblaient plus complices et plus câlins. À leur retour au palais, elle avait eu la confirmation de ses doutes en sentant et en voyant l'amour qui les unissait dans chaque regard, geste ou sourire. Elle avait ainsi déduit que les faux mariés étaient désormais de vrais amoureux.

Loin d'y voir la moindre objection, Oumi, toute aussi soucieuse pour Hicham que vaillante envers Victoria, se demandait à présent comment ces deux jeunes gens avaient pu se retrouver, jusqu'à où ils étaient allés, et vers où comptaient-ils diriger leurs destins. Elle pensa surtout au mariage secret du souverain, et s'il en était toujours un ou, au contraire, il avait été révélé à l'Anglaise.

— Viens avec moi dans la chambre, Oumi. Je vais chercher un voile à mettre sur la tête. Lui dit Victoria en se dirigeant vers la chambre.

Tirée de ses pensées, Oumi suivit la jeune femme sans cacher sa fierté. Même s'il ne s'agissait pas du principal quartier royal du palais, les anciens appartements d'Hicham étaient considérés, parce que le sultan y résidait, comme le lieu le plus important et le plus prévu de toute la résidence. L'accès à la chambre à coucher royale, en dehors du service de ménage, était un honneur et un signe de confiance et d'affection.

— Pourquoi un voile, votre altesse ?

— Ce matin, j'ai commis l'erreur monumentale d'apparaître dans une robe de chambre devant l'assistant d'Hicham. Il m'a gentiment grondée avant de me parler sans détailler de certaines interdictions et recommandations. Par prudence, vu que je sors sur la terrasse, je préfère mettre quelque chose sur ma tête en attendant d'avoir plus d'informations sur la manière de me vêtir ici ou ailleurs.

Zahra n'écouta que d'une oreille les explications de Victoria. L'état pitoyable du lit, qui était un véritable champ de bataille, captiva toute son attention.

En remarquant les regards scandalisés d'Oumi, Victoria tenta, honteusement, de cacher les preuves du crime de la passion. Tout en se raclant la gorge, elle fit de son mieux pour remettre un peu d'ordre dans cette couche sur laquelle elle avait reçu l'amour et la tendresse d'Hicham le soir et la matinée.

— Laissez, sultane. Ce n'est pas à vous de le faire. Se contenta Oumi de dire avant d'accompagner Victoria à la terrasse du salon.

Un lourd silence s'imposa de lui-même, et créa une atmosphère insupportable entre les deux femmes. Ne supportant pas cela, Victoria se pressa de se justifier comme si elle était forcée de rendre des comptes à sa mère après une bêtise.