Je me réveille avec un affreux mal de tête. Je cherche mon téléphone pour voir l'heure mais ne le trouve pas. Petit à petit, les souvenirs de la veille me reviennent et je dois me mettre une claque mentale pour ne pas déprimer de nouveau. Je ne suis pas du genre à m'apitoyer sur mon sort et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer !
Je me redresse et regarde autour de moi. La petite pièce de vie qui me sert à la fois de chambre, de salon, de cuisine et de bureau est éclairée par quelques rayons de soleil timides. Je n'ai pas fermé les volets hier et la journée semble être déjà bien entamée. Heureusement que c'est samedi !
J'ai dormi tout habillé et par réflexe, je me renifle. Je ne sens qu'une légère odeur de transpiration et repense à ce que m'a dit le Docteur Lavaud hier. Est-ce parce que je ne suis pas un alpha que je ne sens pas mon odeur ? Je fronce les sourcils. À la fac, il y a une majorité de bêtas, pourtant, à la grimace qu'ils font parfois en m'approchant, je suppose qu'ils doivent aussi sentir quelque chose de désagréable ? Mais, du coup, est ce que mon odorat, à moi, fonctionne bien ?
Je me lève, des questions plein la tête et aucune réponse et me dirige vers la douche.
J'en sors quelques minutes plus tard. J'ai l'impression que l'eau chaude qui coulait sur mon corps a emporté avec elle toutes les émotions désagréables. Mes muscles ne sont plus aussi noués. Vêtu d'un peignoir marron et beige, à l'instar d'un jedi, je me dirige vers la bouilloire et manque de trébucher sur une boule de poils orange venue se faufiler entre mes jambes. Tsuki miaule et semble insatisfaite. Je jette un œil sur sa gamelle, vide.
– Tu sais que si tu me tues, tu n'auras plus du tout à manger, hein ?
Nouveau miaulement, beaucoup plus long cette fois. Je souris à sa plainte et ouvre un placard pour en sortir le paquet de croquettes et lui en donner. Je me rends compte, en la voyant manger, que j'ai très faim également. Comme pour confirmer cette pensée, un énorme grognement se fait entendre dans mon ventre et je décide de me cuisiner un petit quelque chose.
Une fois le ventre plein, je me dis qu'il est temps de travailler un peu. J'ai des cours à rattraper et je me demande à qui je vais bien pouvoir demander. Je pense tout de suite à Pierre, un camarade de promo avec qui j'ai eu à faire un dossier il y a quelques jours. Ça s'était plutôt bien passé et il était sympa. C'est la seule personne dont j'ai le numéro de toute façon. Je prends mon téléphone que j'avais laissé dans ma veste et lui envoie un texto.
En attendant une réponse, je m'assieds sur ma chaise de bureau. Je remarque alors une feuille au sol et me baisse pour la ramasser. C'est le dépliant d'hier. J'hésite à le lire, je n'ai plus envie de penser à tout ça. Je pourrais peut-être faire comme si ça n'existait pas ? Je secoue la tête, résigné. Même si je le voulais, je ne pourrais pas faire abstraction indéfiniment du regard des autres. Il n'y a pas de remède pour moi, mais peut-être qu'en contactant le laboratoire, j'aurai des réponses ? Et puis, il ne peut pas être mauvais pour mon karma d'aider les autres, même si j'ai encore du mal à comprendre comment.
Je lis donc attentivement la plaquette et me décide à appeler le laboratoire.
– Bonjour, laboratoire de recherche Suaveolentia, Medeline à votre écoute ?
– Ah, euh, bonjour. Je suis Monsieur Loriot, je vous appelle de la part du Docteur Lavaud qui m'a donné votre brochure et ...
– Un instant, s'il vous plaît.
Je patiente au son d'une petite musique d'attente. Je sens de nouveau le stress monter et me demande si c'était une bonne idée, finalement. Je dois dire que je suis, euh, c'est quoi déjà ? Je jette un coup d'œil sur mon bureau : «cacomistose». Cacomistosien du coup ? cacomistosé ? Je n'ai pas le temps de partir plus en avant dans mes élucubrations qu'une voix masculine s'adresse à moi :
– Bonjour Monsieur Loriot, je suis le Docteur Nicolau, chercheur spécialisé dans la cacomistose. Que puis-je pour vous ?
Cette question me surprend et je ne sais pas trop quoi répondre. Je ne peux pas non plus laisser le silence s'installer et je formule la première chose qui me passe par la tête :
– Bonjour, a priori je peux vous aider vu que je l'ai et du coup comme c'est encore nouveau pour moi, je souhaitais avoir quelques réponses et il paraît que c'est une chance mais j'avoue que je ne vois pas en quoi, et apparemment je peux vous aider, ou aider des gens du coup voilà.
J'ai la désagréable impression d'avoir dit n'importe quoi, mais la voix au bout du fil reprend :
– Je vois, merci de nous avoir appelé. Effectivement, vous pouvez nous aider et je pense que la réciproque est également vraie. Êtes vous disponible la semaine prochaine pour un rendez-vous dans nos locaux ?
Je regarde l'adresse et ne peux contenir le sourire qui se dessine sur mon visage. Enfin une bonne nouvelle !
– Oui, la semaine prochaine, c'est parfait. Je suis étudiant à l'Université Esrevagemo et je termine rarement après dix-sept heures.
– Oh ! C'est notre université de rattachement ! C'est formidable, nous pourrons travailler étroitement ensemble alors ! Je vous propose de passer après vos cours lundi. Demandez Alec, c'est un de mes doctorants. Il vous expliquera tout. Nous nous reverrons ensuite dans le cadre du protocole expérimental si vous décidez de le rejoindre. Ça vous va ?
– Ça me va !
Je raccroche et me rends compte que mon sourire ne m'a pas lâché. Et j'ai l'impression que le message que je viens de recevoir risque de faire durer encore ma bonne humeur. Pierre y dit qu'il m'a envoyé les cours par mail et me propose de manger ensemble lundi.
Le laboratoire peut m'aider et je suis en passe de me faire un ami. Décidément, je suis à deux doigts de me dire qu'après la pluie, il y a effectivement le beau temps !
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Scent of Love
RomanceTrois mois après ses premières chaleurs, Nathan débarque à Paris. Mais alors qu'il pensait qu'une vie trépidante d'étudiant s'offrait à lui, il déchante en apprenant qu'il a une maladie rare qui rend ses phéromones malodorantes. En cherchant à se fa...