Scent of Love

CHAPITRE 68 : Fissure

J'essuie mon corps et m'enroule dans mon peignoir avant de revenir dans la salle de vie. Tout est sens dessus dessous et je n'ai même plus la force de m'énerver tellement ces quatre derniers jours ont été un enfer. Non, les six. Depuis que j'ai la confirmation qu'Alec ne m'aime pas, en fait. Je ne pensais pas que mes chaleurs seraient si difficiles à supporter après le merveilleux rut que nous avons partagé. J'ai prévenu Alec que je ne souhaitais pas les passer avec lui mais j'ai si peur de devoir de nouveau endurer cette souffrance. Comment je vais faire le mois prochain ? Et celui d'après ? Est-ce que ce serait plus facile si je n'étais pas amoureux ? Je me tape les deux joues et mets de la musique pour m'encourager à tout nettoyer et ranger.

Une fois cette corvée terminée, j'allume mon téléphone et lis les messages reçus. J'ai prévenu mon cercle proche que je serai en chaleur, donc j'ai surtout des messages de soutien et des notes de cours. Et puis, j'ai des messages d'Alec. Ils sont bienveillants mais les lire me fait du mal. Et pourtant, je n'arrive pas à m'en empêcher. Je vais même jusqu'à l'appeler et je me dis, en entendant sonner, que je dois être un peu maso.

– Allo ?

– Nathan ! Comment ça va ? Pas trop fatigué ?

– Non, non, ça va. Je viens de terminer de ranger et je me disais même que j'irai peut-être en cours cet après-midi. Et toi, ça va ?

– Hum... Oui, ça va. Dis, est-ce que tu voudrais qu'on se voit après tes cours ?

Mon cœur rate un battement et je rougis. Arrête, il ne t'aime pas !

– Haha, je te manque déjà ?

– C'est pas ça. Je voudrais te parler d'une piste pour ta cacomistose.

Outch. J'accuse le coup de ce brutal rappel de la réalité et tente de ne pas perdre mes moyens :

– Je sais pas... J'ai pas mal de cours à rattraper. Je... Demain ?

– Va pour demain alors. Comme d'habitude, pour le lieu et l'heure ?

– Ouais.

– Super ! À demain alors !

Tiens ? Je pensais que j'allais pleurer, mais en fait, ça ne me fait rien. Non, je n'ai pas du tout l'impression que mon cœur a été broyé. Non, je n'ai la sensation qu'un froid glacial s'insinue en moi. Tout va bien, oui, tout va bien. Me préparer, je dois me préparer.

Je réalise, quand j'arrive devant le campus universitaire, que je n'ai aucune idée de comment je suis arrivé ici. Je sais que j'ai pris le bus, puis le métro, mais je n'en ai aucun souvenir. Je regarde l'heure et me rends compte que le premier cours de l'après-midi doit déjà avoir commencé. Je me dirige rapidement vers l'amphithéâtre et m'installe à la première place vide que je vois, sans chercher à savoir où sont mes amis.

Quand il se termine, environ deux heures trente plus tard, j'ai l'impression que je viens d'assister au cours le plus intéressant de ma vie. Je souris en croisant le regard de mes amis qui me font signe de les rejoindre. Je prends mes affaires et m'installe à côté d'eux alors qu'ils se lèvent pour se dégourdir les jambes.

– Hey ! Il était super ce cours, je suis vraiment content de ne pas avoir raté ça ! Au fait, merci pour les notes que vous m'avez envoyé, j'ai pas encore eu le temps de les regarder mais je fais ça ce soir !

Alix s'approche pour me répondre et je remarque Pierre qui reste un peu à l'écart.

– Euh, ouais... De rien. Ça va ?

– Hum ?

Je ressors mon ordinateur de mon sac et le pose sur la table. Derrière moi, j'entends la voix d'Ejaz qui prend ma défense :

– Laisse-le, avec ton air inquisiteur ! Il sort tout juste de ses chaleurs, les hormones peuvent être chamboulées et ouais, on peut même trouver passionnant un cours aussi soporifique que celui qu'on vient d'avoir.

Sourire, je dois sourire. Même si ce petit échange m'a remué, je dois me concentrer sur le prochain cours et justement, le professeur vient d'arriver !

Mais cette fois, je n'arrive pas à entendre ce qu'il dit. Je me sens crispé et, quand je croise le regard inquiet de Sophie, je suffoque et je n'ai d'autre choix que d'aller prendre l'air. Je n'arrive ni à retenir, ni à cacher mes larmes quand mon amie me rejoint et je m'écroule dans ses bras.