CHAPITRE 81 : Interruption

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Je suis suspendu aux lèvres d'Alec, plein de crainte et d'espérance. Mais alors qu'il les bouge pour me donner une réponse, la sonnette retentit, nous faisant tous deux sursauter. Je veux l'ignorer mais elle ne s'arrête pas, brisant toujours un peu plus mon espoir de savoir. Je me lève, passablement agacé, presque en colère, et ouvre la porte. J'ai à peine le temps de voir son visage, qu'elle me saute au cou, menaçant de me faire tomber. Sous le choc, je ne peux qu'articuler :

– Sophie ?

Mon amie me libère de son étreinte en toussotant, les yeux larmoyants :

– Nathaaaaaaan ! T'étais où ? Si tu savais comme tu nous a fait peur !

– Je suis désolé.

J'ai du mal à concevoir que Sophie soit là. Absolument rien ne se passe comme prévu et, comme pour confirmer mon sentiment, je remarque Ejaz resté sur le palier de la porte, les épaules rentrées comme pour se faire plus petit. J'ai l'impression de voir un enfant qui aurait fait une bêtise et ça me fait presque de la peine. Il lève sa main pour me saluer et je lui souris. Sophie intervient :

– Ejaz s'en veut de t'avoir dit les choses de manière si brutale en ce qui concerne Alix et Pierre. Et moi aussi, je m'en veux de ne pas avoir eu le courage de t'en parler. On est content que tu sois revenu et que tu... t'as l'air bien. Je... On...

Son petit ami s'approche de Sophie et pose ses mains sur ses épaules frêles avant de terminer sa phrase :

– On comprendrait que tu veuilles plus traîner avec nous. C'est évidemment pas ce qu'on veut hein, mais si ça te permet de te sentir mieux... Tu peux aussi m'insulter ou même me frapper, si tu préfères. Je prendrais pour Sophie par contre !

Je vois, au regard déterminé d'Ejaz, qu'il est sérieux et j'en suis dérouté. Moi, les insulter, les frapper ?

– Hein ?! De quoi tu parles ? Ça ne me viendrait jamais à l'esprit de faire ça. Je... C'est vrai que toute cette histoire m'a blessé et que j'ai eu l'impression que vous aviez aussi joué avec mes sentiments mais j'ai pris le temps d'y réfléchir et je ne pense pas que j'aurai réussi à faire autrement à votre place. Donc je vous en veux pas et j'aimerais, - si c'est possible et que vous le voulez aussi bien sûr ! -, qu'on... qu'on reste amis ?

Le petit coup que Sophie me met à l'épaule me touche presque autant que ses larmes alors qu'elle me dit en riant :

– T'es bête ! Bien sûr qu'on veut rester amis !

– Grave ! Pfoua, j'suis rassuré de fou, mec ! Pas que j'ai spécialement peur de tes poings, hein, sans vouloir t'offenser, mais... Aïe !

Je m'esclaffe à la vue de la scène familière de Sophie qui donne un coup à Ejaz. En tournant la tête, je remarque Alec, debout devant le canapé, et mon rire est atténué par la douceur du regard qu'il porte sur moi. Je me sens rougir et mes amis se tournent vers lui.

– Je vous présente Alec. C'est... ahem...

Mon petit ami ? Je ne sais pas bien ce que nous sommes l'un pour l'autre, là, maintenant, ni si je peux encore l'appeler comme ça. En même temps, je ne veux pas que nous soyons seulement des paires destinées...

– C'est bon Nathan, on se connaît.

– Hein ? Comment ? Pourquoi ?

Alec m'explique, tout en s'approchant de moi :

– Je t'avais vu avec eux à la fac il y a quelques jours et quand tu as disparu... disons que j'ai été leur demander s'ils savaient quelque chose.

– Tu appelles ça demander ? Si Ejaz n'avait pas été là, tu aurais... non, rien.

La manière dont Sophie suspend sa phrase en me regardant m'interpelle et Ejaz reprend en riant :

– Rhô, ça va ! Ça ne lui a pas fait de mal de s'en prendre une !

– Arrête, tu sais bien que je suis contre la violence.

Dit celle qui passe son temps à donner des coups à son entourage. Je me retiens de rire, aidé par mon incompréhension de la scène qui se joue devant moi. Alec glisse une main sur mon dos et regarde Sophie, l'air contrit :

– Encore désolé pour ça...

Je brise le silence qui menace de s'installer en posant enfin la question qui me brûle les lèvres :

– Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ce qu'il s'est passé pendant mon absence ? 

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