CHAPITRE 59 : Euphorie

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Je me sens seul. Encore !

C'est un sentiment très étrange. J'ai toujours été seul, mais pour la première fois, je ressens vraiment cette solitude. J'ai l'impression que d'une certaine façon, elle a un poids.

Je m'ennuie, comme si je n'avais rien à faire, alors que je dois bosser les cours, jouer et câliner Tsuki ainsi que ranger et nettoyer mon appart ! J'ai aussi une dizaine de bouquins à lire, des mangas à rattraper, quelques jeux à finir, des séries à regarder, mais je n'ai ni la force, ni l'envie de faire quoi que ce soit.

J'aurai bien aimé passer du temps avec Alec ou avec mes amis, mais ce n'est pas possible. Sophie s'occupe d'Ejaz qui est malade et je n'ose pas recontacter Alix ou Pierre après ce qu'il s'est passé à la cafétéria.

Quant à Alec, il n'est pas là du week-end. Il a un truc avec sa famille, je crois ? Je n'ai pas osé le questionner plus et je le regrette un peu aujourd'hui. Je ne suis pas encore à l'aise avec l'idée qu'il y ait toute une partie de sa vie qui m'est inconnue et surtout de laquelle il me tient à l'écart. Et en même temps, rationnellement, je le comprends ! Mais il faut dire que je ne suis pas très cohérent pour les choses qui le concernent... Je regarde la croix rouge sur le calendrier accroché au mur et mon cœur accélère dans ma poitrine. Mes chaleurs arrivent bientôt et j'aimerai trouver une manière originale de proposer à Alec de les passer avec moi !

Je me lève pour aller chercher mon téléphone et remarque la feuille sur laquelle il est posé. Je porte la main à mon collier. Ça me fait bizarre de me dire que je vais peut-être l'enlever... Sans savoir pourquoi, j'ai envie d'essayer là, maintenant. Je suis seul chez moi, je ne risque rien après tout ! Je décide tout de même de fermer la porte à clé puis je m'installe sur le canapé. Je me parle à voix haute pour me donner du courage.

– Bon, allez. Je dois juste glisser mon pouce droit dans la fente prévue à cet effet. Attends... J'ai pas changé de doigt de référence après l'avoir enlevé chez Adèle ? Oh si ! Mais j'ai choisi lequel ? Je sais que j'ai pas pris l'index droit, vu que c'est celui qui active l'alarme sonore... Pas le pouce gauche non plus, c'est celui qui prévient la police... Hum... Ah ! L'annulaire gauche !

Je dépose mon doigt sur le lecteur biométrique et entends un léger clic. Je frissonne et je sens la chair de poule parcourir mon corps. Les poils hérissés, je prends avec délicatesse mon collier et le pose sur mes genoux avec une certaine solennité. Je le regarde et je sens une tension s'emparer de moi. J'agite doucement la tête et mes cheveux sur la peau sensible de ma nuque me chatouillent. Je me lève pour aller chercher de quoi me les attacher et la sensation nouvelle de l'air qui glisse sur mon cou m'enthousiasme. Je sautille pour le sentir plus encore, et je ris à chaque caresse, à chaque toucher. C'est tellement bien ! Je me sens comme libéré. Et un peu plus léger aussi ! C'est donc de ça qu'Alix parlait ? Je ne peux m'empêcher de m'esclaffer, comme saisi de folie, et je cours après Tsuki qui me fuit dans le petit appartement.

J'ai envie de sortir et de découvrir la sensation du vent et du soleil sur ma peau. Oh ! La pluie ! Je me précipite dans ma salle de bain et me déshabille pour prendre une douche et sentir les gouttelettes couler sur cette zone de mon corps que j'ai l'impression de ne pas connaître. C'est comme si j'avais un nouveau membre, un nouveau sens, que j'ai hâte d'explorer ! Je tente plusieurs températures et me rends compte de la sensibilité de ma peau sur cette petite parcelle. Je décide de sortir et je me regarde dans la glace.

J'ai l'air différent. Je trouve que je dégage quelque chose de plus... viril ? En même temps, le fait d'être oméga est souvent, à tort, associé à de la faiblesse et le collier anti-morsure en est le symbole le plus manifeste. Et plus je me regarde, plus je rougis. Il y a quelque chose d'inédit pour moi, presque d'obscène, à me voir dépouillé de ce qui est presque une partie de moi. Je caresse ma nuque et la glande en son centre, si vulnérable en cet instant, et j'ai l'impression de n'avoir jamais été aussi nu de ma vie. Je ris tout seul quand une pensée idiote m'effleure l'esprit et je retourne mettre mon collier, les larmes aux yeux : « Je suis sûr qu'Alec serait moins intimidé par une photo de mon sexe que par une photo de mon cou ! »

Scent of LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant