CHAPITRE 77 : Maison

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– Bon, bah merci de m'avoir accueilli et désolé d'avoir chamboulé vos plans. Je... La prochaine fois que je viendrai, je serai prof, vous verrez !

– Hahaha ! Bien dit ! Mais n'attends pas si longtemps, tu es toujours le bienvenu !

L'accolade d'Amir me fait du bien en même temps qu'elle me rappelle de vieux souvenirs. Derrière lui, Elsa me sourit, silencieuse, alors que Constance s'approche, les bras grands ouverts.

– On est fiers de toi, Nathan ! Pense à bien te nourrir, je trouve que t'as maigri. Et n'oublie pas de changer tes draps toutes les semaines ! Donne-nous des nouvelles aussi, de temps à autres !

Je souffre presque, comprimé entre les bras puissants de la directrice de l'internat, mais son étreinte reste rassurante malgré tout. Elle s'écarte bien vite, une grimace dessinée sur le visage.

– Oh ! Et ton ami a intérêt à vite te trouver un remède, ou bien il aura affaire à moi ! Et crois-moi, personne n'a envie de ça !

Nous rions avant les derniers adieux et je monte dans le train qui me ramène à la capitale. Dans quelques heures, je vais reprendre ma vie là où je l'ai laissée. Je saisis mon portable toujours éteint et soupire. Quand je serai rentré, je prendrai le temps de lire et d'écouter tous les messages qu'on a pu m'envoyer. Je ne sais pas si je serai submergé ou si, au contraire, il n'y aura pas grand-chose. Je ne suis parti qu'une semaine après tout... C'est si long et si court à la fois. Je regarde le paysage défiler sous mes yeux et augmente le volume de mon vieil ipod. Pour le moment, je veux gratter les derniers instants de paix qu'il me reste. Oui, encore un peu.

Je tourne la clé dans la serrure et pousse la porte du studio. Home, sweet home. Je ne pensais pas que mon petit chez moi me manquerait tant et je me dis que ça doit également être le cas pour Tsuki. La manière dont le petit animal se frotte au canapé en faisant de petits bonds et de minuscules miaulements me fait rire. Je la caresse en passant et m'installe sur le sofa. Un coup d'œil à l'horloge murale m'indique qu'il est dix heures. Tout le monde doit être à la fac et je ne dois y retourner que demain, ce qui me laisse... pfff... pas mal de temps pour me préparer à la reprise. Je me lève pour me faire du thé mais j'ai à peine amorcé un pas vers le coin cuisine que je m'arrête, le cœur battant. Un frisson parcourt ma moelle épinière et des picotements me chatouillent le bouts des doigts. Je me tourne vers la porte d'entrée et sans même y penser, je me précipite vers elle pour l'ouvrir.

Alec est là, sur le palier, trempé de la tête aux pieds. Je suis immédiatement happé par son regard dans lequel naissent et disparaissent mille émotions en une fraction de secondes : soulagement, désespoir, quiétude, colère, joie, tristesse, douceur, affliction, bonheur... Le temps semble figé, comme si un mouvement, un mot, une respiration pouvaient faire disparaître cet instant. J'ai si peur que rien ne soit vrai, que l'image d'Alec s'évanouisse d'un simple clignement de paupières. Alors je ne bouge pas et je retiens mon souffle, pour que ce moment dure toujours. Avec lenteur, il tend sa main et ses doigts glissent sur ma joue, comme s'il voulait s'assurer que j'étais bien là, moi aussi. Je tressaille et reprends ma respiration, soulagé. La douce odeur des pâquerettes m'enveloppe et je me rends compte à quel point elle m'avait manqué. Je fais un pas et pose ma main sur le torse d'Alec, près de son cœur. Il bat fort contre ma paume et je le sens trembler à mon contact. La gorge nouée par l'émotion, je brise le silence :

– Tu es trempé.

– Tu es revenu.

Scent of LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant