Il ne bouge pas et moi non plus. J'ai toujours envie de lui sauter dessus mais j'ai le sentiment qu'un seul mouvement de ma part pourrait le faire fuir, et inversement. Je sens qu'une lutte s'opère en lui, autant qu'en moi. Dois-je accepter la situation ? Est-ce mon imagination ? Il sent si bon... Soudain, à l'évocation de son odeur, je pense à la mienne. J'ai dû diffuser énormément de phéromones sans le vouloir, des phéromones qui puent, ou du moins qui lui donnent l'impression qu'elles puent. Je panique. Les larmes me montent aux yeux et alors que je sens un muscle de ma jambe se tendre pour amorcer un mouvement de recul, la personne devant moi me prend par la main pour me la serrer et l'agiter vigoureusement. Il me fait un sourire qui me semble parfaitement faux.
– Salut, tu dois être Nathan ? Merci d'être venu, je suis Alec, en première année de doctorat. Le Professeur Nicolau m'a dit que tu avais des questions. Allons dans mon bureau si tu veux bien ?
Je déglutis et le suis. Ses épaules, plutôt larges par rapport à l'image que je me fais des scientifiques, me donnent envie de me blottir dans ses bras. Je n'ose pas laisser mes yeux se diriger plus bas, de peur que la bosse dans mon pantalon se fasse visible. Je me concentre sur le couloir devant nous, parsemé de portes tantôt ouvertes, tantôt fermées. Nous finissons par rentrer dans une pièce, petite mais bien éclairée. Ce n'est que lorsqu'il abandonne ma main pour m'inviter à m'installer et refermer derrière moi que je me rends compte que nous ne nous étions pas lâchés.
Je m'installe sur la chaise qu'il m'a indiquée et joins mes deux mains pour croiser mes doigts sur mes genoux. Je le regarde s'installer à son bureau en face de moi et ouvrir un tiroir duquel il sort deux flacons transparents sur lesquels des étiquettes sont collées.
– Tu préfères le cèdre ou la cannelle ?
Je ne suis pas sûr de comprendre et réponds au hasard, sans arrêter de le regarder. Je me sens comme pris dans un piège et n'ai plus toutes les cartes en main pour m'évader.
– La cannelle ?
Il saisit un des flacons qu'il fait glisser entre ses doigts. Il le tient à présent entre son pouce et son index et m'explique.
– Le laboratoire de recherche Suaveolentia étudie les odeurs et plus particulièrement celles dégagées par les phéromones. Nous pensons qu'il est injuste qu'une partie considérable de la population soit autant dépendante et victime d'elles. Nous cherchons donc à mettre au point des parfums qui puissent nous libérer. Je dis « nous » parce que je suis un alpha, et je vois à ton collier que tu es un oméga. Pas seulement à ça, d'ailleurs. J'ai cru comprendre que tu as la cacosmitose ?
J'ai l'impression de rougir un peu plus, mais de honte cette fois. Il n'attend pas ma réponse, comme si ce simple empourprement était suffisant.
– Et bien regarde, ou plutôt sens. Je vais t'envoyer une légère dose de phéromones et...
Je ne lui laisse pas le temps de terminer sa phrase et me lève brusquement.
– C'est hors de question !
Il est malade ou quoi ? Il veut qu'on s'envoie en l'air ici et maintenant ? Je sens qu'il est capable de déclencher mes chaleurs. Nous avons un lien spécial qui le permet, même s'il a manifestement envie de l'ignorer. J'ai peur et je suis en colère. Et je maudis cette partie de moi qui a envie de lui sauter dans les bras.
Il se lève à son tour et je crois distinguer de l'inquiétude dans ses yeux pendant une fraction de secondes, très vite remplacée par quelque chose qui semble être de la colère ? Je me fige et regrette de ne pas m'être enfui. De nouveau, son expression change et son faux sourire refait surface. Ça me terrifie. Putain, pourquoi je me retrouve avec un tel psychopathe ?? J'ai dû être un connard fini dans une vie antérieure !
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Scent of Love
RomansaTrois mois après ses premières chaleurs, Nathan débarque à Paris. Mais alors qu'il pensait qu'une vie trépidante d'étudiant s'offrait à lui, il déchante en apprenant qu'il a une maladie rare qui rend ses phéromones malodorantes. En cherchant à se fa...