CHAPITRE 89 : Tentation

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J'ouvre les yeux. Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression que quelque chose ne va pas. Mon regard glisse sur la pièce plongée dans la pénombre et s'arrête sur une forme inhabituelle. Elle s'approche lentement de moi et pourtant je n'ai pas peur. Alec se baisse et embrasse mon front avant de murmurer tout bas :

– Désolé si je t'ai réveillé. Il est encore tôt, rendors toi.

– Hum... Qu'est-ce que tu fais ?

– Je dois passer chez moi avant d'aller au labo.

– Non, je veux pas. T'avais promis de rester avec moi ! Humpf.

Je m'accroche à son bras que j'emprisonne entre les miens. Sa main sur mon front est douce et chaude et il me semble qu'il se moque de moi :

– Pff. Et j'ai tenu ma promesse. Mais tu ne veux quand même pas me séquestrer chez toi ? À moins que tu aies prévu que je sois collé à toi tout le temps ?

– Oui ! Collé à moi tout le temps !

– On finirait par s'entretuer, tu le sais bien. Et puis de toute façon, ce n'est pas raisonnable.

– C'est même pas vrai !

Je m'agrippe encore plus fort quand je sens Alec effectuer un mouvement pour se libérer.

– Je ne pensais pas que tu étais si ronchon au réveil. Même si c'est un peu mi...

– Je suis pas ronchon, j'ai juste peur !

Alec embrasse de nouveau mon front, puis ma joue et enfin mes lèvres. Je laisse sa langue pénétrer ma bouche et ne résiste pas à la fougue de son baiser. Je l'attire vers moi et son corps s'allonge doucement sur le mien. Quand nous nous séparons pour reprendre notre souffle, j'ai des papillons dans le ventre et l'envie irrésistible de le sentir en moi. Alec me murmure :

– Ça va aller. Je t'ai vu passer ton après-midi à préparer ta rencontre avec Pierre et on a envisagé tous les scénarios. Tu es prêt, mon lapin.

– Je veux pas parler de Pierre maintenant.

Je fais la moue et enroule mes bras autour du cou d'Alec. Il rit :

– Encore heureux. Je serais très inquiet autrement...

Sa main se pose sur mon entrejambe quelque peu durci qu'il caresse à travers la couette. Je frissonne et laisse échapper un soupir qui est immédiatement recouvert par le son d'une vibration sur le plan de travail. Alec m'embrasse encore, avec empressement cette fois. Puis, bien trop vite à mon goût, il se dégage de mon étreinte et se lève complètement. Je m'attends à le voir ôter son tee-shirt pour revenir sur moi mais c'est vers une toute autre direction qu'il se dirige. Je prends appui sur mes coudes pour le suivre du regard et la lumière blafarde de son téléphone qui éclaire uniquement son visage me permet de le voir froncer les sourcils. Il revient vers moi en se plaignant dans un soupir :

– Je dois vraiment y aller... J'ai une réunion importante et je ne peux pas me permettre d'arriver en retard. Rhâ, voilà que c'est moi qui regrette de pas pouvoir t'avoir avec moi !

Je ris et pose mes mains sur ses joues quand il approche son visage pour m'embrasser. Je savoure la tendresse de son baiser et admire ses efforts pour reprendre de la distance. Je le laisse faire, conscient de l'importance de son travail, mais une partie de moi ne veut vraiment pas qu'il parte. Je tente :

– Tu dois y être à quelle heure ?

– Huit heures moins l'quart, pourquoi ?

– Et il est quelle heure ?

Je plisse les yeux devant l'écran du téléphone qu'il pointe dans ma direction tant sa lumière semble pouvoir m'aveugler. C'est peut-être ma punition pour ce que je m'apprête à faire ?

– Hum... Si tu pars d'ici, t'en as pour une demi-heure environ. Tu es vraiment obligé de repasser par chez toi ? Tu veux pas rester dormir avec moi encore un peu ?

– Dormir, hein ?

Alec se rapproche de moi, un sourire au coin des lèvres. Je ferme les yeux pour savourer son baiser mais je sens à la place une légère douleur sur mon front. Surpris, je cligne des paupières :

– Aïe !

– Ça t'apprendra à essayer de me piéger ! On se voit ce soir ?

Je hoche doucement la tête de haut en bas, intimidé par le fait d'avoir été percé à jour si facilement. Mon amant m'embrasse enfin et je ne peux que soupirer à la vision de la porte qui se referme sur son dos. 

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