CHAPITRE 57 : Collier

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– Tu penses que je dois essayer d'enlever mon collier ?

Je sens un frisson contre ma peau et relève la tête vers Alec sur qui je suis allongé. La chair de poule s'est répandue sur son corps nu et je discerne une tension dans son regard, que je n'arrive pas à déchiffrer. Il me scrute et je lui souris :

– Je te demande pas de me mordre, idiot ! J'essaye de déterminer ce que la cacomistose peut m'apporter et je n'arrive pas bien à voir ce que je peux gagner à me promener sans collier. Je ne me rends pas compte de ce que ça change. Après tout, je l'ai depuis mes douze ans...

– Si longtemps ?

– Moui. Mes parents ne voulaient prendre aucun risque, c'est pourquoi ils m'en ont mis un dès qu'on a appris que j'étais oméga. Ça ne me dérangeait pas, je n'étais pas le seul à en avoir de toute façon. J'étais même un peu fier en fait. Mais du coup, j'ai très peu de souvenirs de ma vie sans.

Alec ne dit rien. Je repose ma tête sur son torse et reprends :

– Je ne comprends pas bien. Alix pense que ce collier est une entrave, presque une insulte même. Toi aussi, tu semblais dire que c'était une forme de discrimination. Et j'ai mis le fait de l'enlever, sans vraiment y penser, dans les points positifs de ma liste. Mais en fait, je ne sais pas... Je suis un peu perdu là. Alors que je suis le premier concerné ! C'est bête, hein...

Je frissonne au moment où sa main glisse doucement le long de mon épaule dans un mouvement lent de va-et-vient.

– Je suis désolé, j'ai parlé sans réfléchir. Je ne suis pas un oméga et je pense que ma vision des choses est altérée par mon passé. Mais toi, tu es libre de penser ce que tu veux, sans influence. Quoi que tu décides de faire, je te soutiendrai.

Entendre Alec évoquer son passé me donne envie d'en savoir plus. Je veux qu'il s'ouvre à moi et qu'il me fasse confiance. Mais je n'ose pas le questionner, je ne supporterai pas qu'il me rejette encore. Je décide donc de rester silencieux. Je ferme les yeux. J'ai envie de pleurer. Je soupire puis me lève, en prenant soin d'éviter qu'il puisse voir mon visage.

– Je vais faire un thé, t'en veux un ? Ou du café, peut-être ?

– Non merci, je vais rentrer. Je dois donner un cours tôt demain.

– Ah oui, c'est vrai que t'es prof aussi.

– Ouep, je donne quelques cours de TD au niveau licence.

J'appuie sur l'interrupteur de la bouilloire. Si je n'ose pas questionner son passé, je me sens plus à l'aise avec son présent :

– Et du coup, ça te plaît ? Tu le fais depuis longtemps ?

– Ça va, c'est pas un exercice inintéressant, même si je préfère mon travail au labo. J'ai commencé cette année et... Tu me cherches ?

– Que ? Quoi ?

Je me retourne et remarque le regard brûlant qu'Alec pose sur moi. Alors seulement, je me rends compte que je suis nu ! Par réflexe, je mets mes deux mains devant mon sexe avec rapidité. Je rougis alors qu'il explose de rire :

– Vraiment ? Tu fais le timide après tout ce qu'on vient de faire ? Dois-je te rappeler que tu t'es mastur...

Je ne laisse pas à Alec le temps de finir sa phrase et lui jette à la figure son tee-shirt que j'ai ramassé à mes pieds. Ça ne l'empêche pas de continuer à glousser comme une dinde derrière le bout de tissu qu'il finit par enfiler et je m'enroule dans mon peignoir, honteux. Je finis par remplir mon mug d'eau chaude, les mains tremblant légèrement. Quand je me retourne de nouveau, je tombe sur un Alec habillé et debout, à quelques centimètres de moi. Il prend une mèche de cheveux qu'il glisse derrière mon oreille :

– T'es fâché ?

Je fais non de la tête, intimidé pour je ne sais quelle raison. Alec reprend :

– Je suis vraiment dépité de devoir partir, mais je sens que je risque de te sauter dessus si je reste plus longtemps...

Je marmonne, presque à demi-mot :

– Ça ne me gênerait pas...

– Ne me tente pas.

Le sourire d'Alec me fait craquer mais le baiser qu'il dépose sur mes lèvres me laisse un goût d'inachevé. Je le regarde mettre son manteau et l'accompagne jusqu'à la porte. Avant de partir, il me demande :

– Au fait, tu voudrais que je parle au professeur Nicolau de ton envie d'essayer d'enlever ton collier ? Je pense qu'il pourra créer un environnement sûr qui te permettra de trouver les réponses que tu cherches.

– Hum ? Oui, d'accord.

Je ne suis pas vraiment surpris par la proposition d'Alec mais elle me touche malgré tout. Je l'embrasse avec tendresse et soupire d'aise quand il répond à mon baiser. Nous avons du mal à nous séparer et il referme la porte derrière lui, puis m'entraîne vers le canapé.

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