J'ai l'impression que ma tête va exploser... Je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux, ni de me lever, mais j'ai trop besoin d'aller aux toilettes. Aïe... J'ai tellement mal, mon ventre est sens dessus dessous et je me sens fébrile. Je me traîne jusqu'à la salle de bain et décide d'en profiter pour me laver les dents et prendre une douche bien chaude. Qu'est-ce que je donnerais pour un bain à la place... Je repense au jacuzzi de Pierre et suis presque jaloux. Mais je ne veux pas penser à lui, ni à personne maintenant. Je ne veux que profiter de la douce sensation de l'eau chaude qui coule sur mon corps.
Blottis dans mon doux et moelleux peignoir épais en laine, je sirote mon thé, ne pouvant avaler rien d'autre pour le moment. J'ai la flemme de m'habiller et pas la force de sortir. La journée est bien entamée et je soupire en pensant à la fac.
Comment y retourner après tout ça ? Je n'ai pas envie de penser à hier, mais je dois préparer demain... Le problème, c'est que je peine à me souvenir de tout et les quelques réminiscences que j'ai me font rougir de honte ! En résumé, j'ai bu, beaucoup, et j'ai vomi devant tout le monde. Je crois qu'on a dit du mal de moi aussi, que Pierre s'est battu, et qu'Alec a un Vincent...
Je dois organiser mes idées pour attaquer un problème à la fois. Je bois du thé pour me donner de la contenance et m'empêcher de pleurer.
D'abord, le vomi. Je ne sais pas combien de personnes de la promo étaient présentes, mais je dois me préparer à des surnoms idiots. Allié à ma maladie, j'imagine fort bien les insultes dont je serais la cible. Qu'est-ce que je devrais faire, alors ? Je pense que personne ne me le dira en face mais que j'entendrai des murmures... Est-ce que je dois y réagir ? Il ne reste que trois jours avant les vacances, si je ne compte pas aujourd'hui, donc je vais les ignorer pour le moment et je verrais si ça continue au retour !
Puis Pierre. Il s'est battu, et je crois que c'est à cause de moi. Je dois m'excuser et le remercier. Je dois aussi être honnête avec lui... J'ai essayé de faire comme si elle n'existait pas, mais évidemment que lui aussi subit mon odeur. Il n'y a qu'Alec qui... Stop ! Je ne dois pas penser à lui maintenant ! Pierre... Je dois me concentrer sur Pierre. Comment lui dire ?
Le plus simple serait de le faire par texto, mais je ne trouve pas ça très correct. Et puis, je dois aussi l'annoncer aux autres. J'imagine que je vais leur proposer de nous voir avant les cours... Mais pour ça, je dois allumer mon portable, et j'ai un peu peur de ce que je pourrais y trouver ! Je crois qu'il a pas mal sonné après que je sois parti...
Je me ressers du thé. Pourquoi faut-il que ma tête soit si lourde ? Je prends mon téléphone et l'allume. Dès qu'il se met à sonner, je jette un œil vers Tsuki qui ne semble pas s'en préoccuper du tout aujourd'hui.
J'ai quelques messages, essentiellement vocaux. Je décide de les écouter à la suite et mets le haut parleur, le félin roux dans les bras.
C'est d'abord Pierre, qui s'excuse et qui me demande de le rappeler. Encore Pierre, qui veut savoir où je suis. Puis Alix, qui me dit que tout le monde me cherche et qui espère que je suis bien rentré. Pierre, de nouveau, qui me demande de lui envoyer un sms pour lui dire que je vais bien. Pierre, toujours, qui s'excuse, encore. Puis des bruits, comme du tissu qu'on froisse. Un « putain » au loin, suivi de frottements. Je n'ai pas reconnu la voix de Pierre et regarde de qui il s'agit.
Tsuki descend de mes genoux en même temps que je me lève. C'est Alec. C'est lui qui m'a appelé, à trois heures vingt du matin. Pourquoi ? Il ne dit rien d'autre et le message dure pile deux minutes, donc ça doit être un appel accidentel. Mais qu'est ce qu'il faisait debout à trois heures du matin ? Avec qui était-il ? Je repense à la discussion des deux inconnues sur Alec, et au fait qu'il sort avec un Vincent. Non, je ne dois pas y penser ! Pas encore, je ne suis pas prêt.
Je coupe la communication avec ma messagerie. Je dois prendre le temps de respirer. Un problème à la fois... Je veux m'en resservir mais je n'ai plus de thé. Avant d'en refaire, j'envoie un message groupé : « Salut, je suis désolé pour hier. J'ai besoin de vous dire quelque chose. Je serais à la cafétéria de la fac demain à huit heure ».
Je suis épuisé. Je dois aussi voir Alec demain et soudain, je n'ai plus du tout envie qu'il vienne ici. Un lieu neutre, c'était une bonne idée en fait. S'il a déjà quelqu'un, je ne veux pas m'imposer. Je ne sais pas si je suis triste ou en colère, mais je dois l'oublier. Oui, c'est ça. Je le connais peu, donc ça devrait être facile ! Je peux le faire. Évidemment, on devra continuer à se voir à cause de notre lien, mais ça ne sera que charnel, pour gérer mes chaleurs. Pour ses ruts, il fera bien ce qu'il voudra... Rien ne l'empêche de les passer avec un autre, alors que moi...
Je ne dois pas pleurer. Je refuse de pleurer ! Les larmes coulent malgré tout, et j'en ai marre. Je dois être fort, oui, je dois résister !
J'entends un bruit et me tourne vers la porte d'entrée qui s'ouvre. Alec est là, sur le seuil, et il se précipite pour me prendre dans ses bras.
– Je suis tellement désolé, je n'aurais pas dû te laisser.
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Scent of Love
RomanceTrois mois après ses premières chaleurs, Nathan débarque à Paris. Mais alors qu'il pensait qu'une vie trépidante d'étudiant s'offrait à lui, il déchante en apprenant qu'il a une maladie rare qui rend ses phéromones malodorantes. En cherchant à se fa...