CHAPITRE 44 : Piège

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Je me retrouve devant un immeuble similaire au mien et en suis surpris. J'avais imaginé qu'Alec vivait dans un appartement du même standing que celui de sa sœur. Le chauffeur, avec qui je n'ai pas échangé un mot et qui a rapidement ouvert la fenêtre de la voiture en grand, m'aide à prendre mes affaires. Je le suis dans la cage d'escalier jusqu'au cinquième étage. Je suis essoufflé et presque vexé de remarquer que ce n'est pas le cas du grand gaillard qui m'accompagne. Il s'arrête devant une porte et dépose mes affaires au sol. Il m'indique que nous sommes arrivés et me donne une lettre avant de prendre congé.

Pendant quelques secondes, je me demande si je ne suis pas tombé dans un traquenard et me dis que personne ne viendrait me chercher ici si je venais à disparaître... Je me tape les deux joues pour faire partir cette idée saugrenue et me redonner du courage. Sans sonner, j'ouvre la porte et entre avec mes affaires, que je dépose un peu plus loin.

La pièce dans laquelle je suis est plutôt grande et... épurée ? Il n'y a presque pas de décorations et les quelques meubles présents dans le salon sont purement fonctionnels : un canapé, une table basse et une bibliothèque pleine de livres qui semblent vouloir s'en échapper. Sur la table qui sert de séparation avec la cuisine, il y a des dizaines de feuilles et de dossiers dispersés. J'avance de quelques pas et remarque un couloir sur ma gauche, ainsi qu'une porte fermée sur ma droite. Je décide de lire la lettre d'Adèle avant d'aller plus loin. Elle m'y donne des conseils pour prendre soin d'Alec et me présente brièvement son appartement et où je peux trouver certaines choses. Je comprends que la chambre d'Alec est derrière la porte fermée. Mais avant d'aller le voir, je réfléchis quelques minutes aux dernières phrases d'Adèle :

« J'ai conscience que mon frère peut parfois se montrer brusque et je crains que ce soit pire quand il est malade. Je vous en prie, ne lui en tenez pas rigueur. Il a ses raisons et je souhaite de tout mon cœur qu'il s'ouvre à vous un jour. Donnez-lui le temps. »

C'est Tsuki qui me ramène à la réalité par un long miaulement aigu. J'ouvre sa caisse et la prends dans mes bras pour me diriger vers la porte close. Je la pousse doucement et y passe ma tête. Dans la pénombre, je distingue une grande armoire, un bureau et un lit dans lequel je vois une ombre. Des gémissements me parviennent et j'avance vers Alec qui semble souffrir. Je ne veux pas lui faire peur mais, ne sachant pas s'il dort ou s'il est réveillé, je n'ose parler. Je maintiens Tsuki contre moi d'un seul bras et me baisse pour poser une main sur son front. Il est brûlant et il gémit à mon contact. Je demande, à voix basse :

– Alec... C'est Nathan. Quand as-tu pris ton médicament ?

– Hum... Nathan... Mon Nathan...

Le sang me monte aux joues et je ne remarque pas Tsuki qui se libère de ma prise pour sortir de la chambre. J'ai chaud et je sens que quelque chose ne va pas. Il y a trop de phéromones dans cette pièce et j'ai l'impression de suffoquer. J'ai envie de me jeter sur Alec et sors de sa chambre en courant. Je referme derrière moi et respire, les larmes aux yeux.

Ce n'est pas une grippe, c'est un rut... Je fais presque tomber mon téléphone alors que je cherche à rappeler Adèle.

– Nathan ? Que puis-je pour vous ?

– Je... tu t'es trompée, il... il est en rut.

– Je suis sincèrement désolée ! Il m'a appelé pour me dire qu'il était malade et je n'ai pas pensé à... il... Nathan, ce n'est pas possible. Il est bien trop tôt pour qu'il soit déjà dans cet état !

– Pourtant il l'est !

Je crie presque au téléphone. Je tremble et j'ai peur. Je n'ai jamais été avec un alpha pendant son rut naturel et... et j'ai peur.

– J'arrive.

Et elle raccroche. Je ne sais pas quoi faire, mais je pense à prendre Tsuki et à partir. Des gémissements à travers la porte me serrent le cœur. Je ne peux pas le laisser comme ça... Je ne peux pas l'abandonner... Mais j'ai si peur.

J'ai l'impression que des heures se sont écoulées quand Adèle pénètre enfin dans l'appartement, accompagnée par une femme et un homme. Elle leur fait signe de rester à l'entrée et ils s'arrêtent devant mes affaires. Je les trouve magnifiques, avec leurs traits fins et leurs yeux bleus. Ils dégagent quelque chose de magnétique et un frisson parcourt mon corps quand je remarque leur collier et que je comprends pourquoi ils sont là. Adèle me sourit et entre d'un pas décidé dans la chambre de son frère. Quelques minutes plus tard, elle en sort et se tourne vers moi :

– Il est malade et est en rut. C'est très rare et il a trop de fièvre pour prendre un inhibiteur ou rester seul.

Je ne réagis pas. Adèle soupire, se tourne vers les deux inconnus et reprend :

– Je lui ai donné un médicament pour faire baisser sa température qu'il devra prendre toutes les six heures. J'ai mis une alarme pour que vous y pensiez.

Les deux personnes font un mouvement de tête et avancent vers la chambre. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et j'ai envie de hurler. Mais j'ai si peur... Tétanisé, j'ai l'impression que le temps s'est ralenti et je regarde, désespéré, la démarche gracieuse des deux omégas qui passent devant Adèle avant de disparaître dans la chambre d'Alec en refermant la porte derrière eux.

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