CHAPITRE 49 : Dimanche pluvieux

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J'ai eu beaucoup de mal à quitter Alec ce matin et depuis, je me sens déprimé. Je ne sais pas si c'est le fait de me retrouver sans lui, de réaliser que les vacances sont déjà terminées, d'avoir raté la soirée d'Ejaz ou simplement de reprendre les cours demain. En tous cas, je n'ai rien envie de faire.

Je reprends mon téléphone et relis mes derniers messages échangés avec Ejaz. Au moins, il ne m'en veut pas ! Je regarde les photos qu'il a partagé sur les réseaux sociaux et soupire. Je ne regrette pas d'avoir été avec Alec alors que la soirée se déroulait, loin de là, mais j'ai l'impression d'être un peu à l'écart.

C'est Tsuki et ses griffes qui se plantent dans ma cuisse qui me sort de mes pensées. Je gémis de douleur et de surprise avant de l'observer. Elle fuse de part et d'autre de l'appartement, les pupilles dilatées, pourchassant les grains de poussière, j'imagine. Je me lève pour l'attraper mais elle m'échappe et continue sa course frénétique. Mon cœur se resserre alors que je réalise que si je ne l'avais pas prise avec moi, elle serait restée seule trois jours, peut-être même sans ressources suffisantes à sa disposition. Je me claque les joues du plat des mains, fort, pour m'empêcher de pleurer et arrêter de culpabiliser. Au même moment, mon téléphone sonne et je me sens soudain léger en apercevant qu'il s'agit d'Alec. Je prends l'appel et le taquine :

– Je te manque déjà ?

– C'est grave si je dis « oui » ?

– Pas du tout, c'est juste réciproque.

Je rougis en réalisant ce que je viens de lui dire et je me demande depuis quand je suis si... niais ? Je n'ai pas le temps de tergiverser qu'Alec me répond :

– Alors oui, tu me manques. Je regrette que mon rut ne dure pas des semaines, comme ça j'aurais eu un prétexte pour te garder avec moi. Ah, et je n'aurai pas à aller travailler demain aussi !

– T'es un grand malade ! Tu vas finir par te faire renvoyer si t'es trop absent et tu vas te retrouver à la rue. À moins que ton plan ne soit de venir squatter mon immense demeure ? Tu en as après mon argent, c'est ça ?

La réponse d'Alec transforme mon rire en toux :

– C'est une proposition ?

– Je... Ahem... Je voulais dire... euh... comment tu feras pour trouver un remède à ma cacomistose si tu ne retournes pas au labo ?

– C'est justement la raison pour laquelle je t'appelais. Je viens de raccrocher avec le professeur Nicolau et il souhaite te rencontrer en personne. Est-ce que tu serais disponible un de ces jours ?

– Je... J'ai un rendez-vous avec mon médecin mercredi, et puis j'ai les cours en journée, mais autrement je peux tous les jours après dix-sept heures.

– Ton médecin ? Tu es malade ?

– Non, non. Je dois simplement le revoir pour qu'il me donne des suppresseurs adaptés à ma situation. Je pense également lui demander une contraception. Je sais qu'on ne risque rien en dehors de tes ruts, mais je... a priori, on les passera ensemble, alors...

– Pas forcément.

– Pardon ?

J'ai l'impression de m'être pris une claque et instantanément, je sens un poids sur mon cœur. Je ne comprends pas et tente de garder mon calme alors qu'Alec m'explique :

– Tu n'as aucune obligation à être avec moi pendant mes ruts si tu n'en a pas envie. Cette fois, parce que j'étais malade, Adèle a fait appel à des... personnes. C'était une erreur qu'elle n'est pas prête de recommencer. Mais crois moi qu'habituellement, je m'enferme et me débrouille tout seul. Et ça me va très bien comme ça. Alors oui, j'ai adoré passer mon rut avec toi, et j'aimerais en passer beaucoup d'autres en ta compagnie, mais ce n'est pas parce qu'on sort ensemble ou parce qu'on est liés que tu dois te forcer à quoi que ce soit !

– Mais je ne me force pas !

– Pas cette fois, peut-être. Mais imagine qu'on se dispute un jour et que je sois en rut le lendemain. Je ne voudrais pas forcément que tu viennes le passer avec moi et toi non plus, tu n'en auras pas envie. Il en va de même pour tes chaleurs. Je ne veux pas de ce genre d'obligations dans notre relation.

Je ne réponds rien. C'est tellement éloigné de ce que j'imaginais. Pour moi, il est évident de passer ses chaleurs et ses ruts avec la personne avec qui on sort. D'autant plus si c'est ton âme sœur ! Soudain, je frissonne. Je m'étais promis de ne plus utiliser cette expression. Un peu déconnecté du monde, je fixe une date pour un rendez-vous avec le Docteur Nicolau et raccroche.

Alec a raison. Et moi, je suis encore plus déprimé !  

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