CHAPITRE 51 : Reviviscence

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Le froid m'oblige à fermer mon manteau avec promptitude. Je souffle pour voir si de la fumée sort de ma bouche et rougis en remarquant le petit sourire railleur d'Alec. J'enroule l'écharpe autour de mon cou en grommelant :

– Te moque pas, il fait trop froid et j'ai pas envie d'être encore malade !

– Je ne me moque pas, je trouve ça mignon. Et je pensais que tu avais apprécié que je te serve de garde-malade, je suis triste de voir que mes efforts n'ont pas été reconnus à leur juste valeur !

– Ah bah super, s'il faut que je sois souffrant pour que tu t'occupes de moi, alors c'est moi qui suis arnaqué dans l'histoire !

Je ponctue ma phrase par un soufflement de nez sonore et avance vers le laboratoire. Alec accélère le pas pour arriver à ma hauteur et me glisse à l'oreille, avant de me passer devant pour m'ouvrir la porte :

– Je m'occupe de toi quand tu veux, mon amour.

Je le prends par le col, le regarde dans les yeux et, d'un ton mielleux, lui promets :

– Continue à me donner des surnoms, et je te jure que c'est moi qui m'occupe de toi, et pas comme t'aimerais.

Je passe la porte et l'entends rire derrière moi :

– J'ai hâte de voir ça !

Mon sourire se fige alors que je remarque l'expression surprise de la secrétaire qui semble me reconnaître. Nous échangeons un « Bonjour » poli et je monte les escaliers. Je sens son regard dans mon dos et ne peux m'empêcher de me poser des questions. C'est vrai que la dernière fois qu'elle m'a vu, je partais en furie, diffusant des hormones autour de moi. Je réalise que je ne sais pas si elle a pu y être sensible mais surtout que je risque de croiser des personnes qui les ont subies. Alec m'avait dit que ça n'avait pas été un problème, mais je ne peux empêcher mes muscles de se crisper.

Mon cœur bat à cent à l'heure quand nous arrivons devant la porte du laboratoire et toute mon assurance me quitte alors qu'Alec me passe devant pour entrer le code permettant de la déverrouiller. Sans trop savoir pourquoi, je pose ma tête sur son dos large et inspire profondément l'odeur légère qu'il dégage. Je le sens qui se fige dans son mouvement et décide, à contrecœur, de décoller mon front de lui en m'excusant.

Je fais un pas en arrière et me tape les deux joues. Reprends toi, Nathan ! Tout va bien se passer.

– Tout va bien se passer.

La voix d'Alec s'est jointe à ma pensée, lui donnant une force inattendue. Je le regarde alors qu'il se retourne pour m'adresser un sourire empli de douceur. Je soupire et acquiesce, ne le quittant pas des yeux. Même lorsqu'il s'approche pour glisser une main dans mon dos, renforçant le contact de nos corps. Même lorsqu'il penche légèrement la tête sur le côté pour déposer ses lèvres sur les miennes. Même lorsque sa langue initie une danse délicieuse dans ma bouche. Même lorsque sa main libre caresse doucement ma joue, je continue à le regarder.

Je ne veux pas me souvenir de tout ce que j'ai vécu ici. Je ne veux pas me rappeler le sourire faux d'Alec, ni la froideur de sa voix, ni son grognement, ni son regard de prédateur, ni l'odeur âcre qui régnait. Non, je ne veux plus me souvenir de tout ça.

Une douce fragrance de pâquerettes m'entoure, et la chaleur d'Alec se répand autour de moi. Alors, je ferme les yeux, apaisé.

Oui, ça va bien se passer. 

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