CHAPITRE 9 : Ambivalence

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Nous entrons dans le charmant café à la décoration épurée et Alec s'installe à une table près de la grande baie vitrée donnant sur l'entrée du laboratoire. Pendant que je me déleste de mon manteau et de mon écharpe, je remarque des dossiers posés sur un ultrabook fermé. Alec débarrasse la table de ses affaires qu'il range dans un grand sac à ses pieds.

– Désolé, j'étais pas sûr que tu viendrais, du coup j'ai pris de quoi bosser, au cas où, hem... Tu as faim ? Tu es plus croissant ou pain au chocolat ?

– Chocolatine.

Il me regarde et éclate de rire.

– Je pense qu'on va avoir assez de motifs de dispute comme ça pour aujourd'hui, laissons celui-là à une prochaine fois, ok ?

Il est si beau et je sens que je suis déjà accro à son rire. Il dirige son regard vers une serveuse et lui fait un petit signe de la main. Elle repart après avoir prit nos commandes et je profite de ce moment pour demander :

– Des motifs de dispute, carrément ?

– Ouais, bon, le mot est peut-être un peu fort ? Ce qui est sûr, c'est qu'on risque d'avoir des débats... animés ? Je ne te connais pas bien mais j'ai vu que tu étais du genre direct et je peux parfois manquer de... tact ? Enfin bref, merci d'être là, et désolé pour la dernière fois.

– Hum... désolé aussi.

Je baisse mon regard vers mes mains que je ne peux m'empêcher de triturer. Ça se passe mieux que ce que j'avais imaginé et je suis à la fois rassuré et intimidé.

La serveuse revient avec nos commandes et je sens une pointe de colère poindre quand je remarque sa façon de rougir en regardant Alec. Je m'imagine me lever et lui hurler dessus quand elle caresse volontairement sa main en déposant l'addition. Mais je me retiens et me contente de froncer légèrement les sourcils. Honteux, je décide de regarder de nouveau mes doigts, dont les phalanges sont devenues blanches sous la pression. Je respire et ferme les yeux quelques secondes, dépité. De la jalousie pour si peu, vraiment ?

– Tout va bien ?

Alec me sourit. Je n'arrive pas à savoir s'il se moque de moi ou pas. Dans le doute, je ne souhaite pas rentrer dans son jeu et préfère m'attaquer au vif du sujet :

– Ouais, on ne va pas au laboratoire ?

Il semble surpris mais ne dit rien. Ses yeux me scrutent, comme pour décrypter chaque partie de mon être. J'ai l'impression qu'il pourrait voir les rouages de mon cerveau tellement je me sens oppressé. Je n'ose pas bouger et me contente de le regarder également. Il croque dans son croissant puis boit une gorgée de son café avant de me répondre :

– Si, si. Mais comme tu étais en retard et que j'étais déjà installé, autant prendre un petit déjeuner ensemble. C'est plus sympa, non ?

– Je serais venu à l'heure si tu m'avais envoyé un message plus sympa.

– Je vois, t'es donc du genre fourbe et rancunier.

J'ai très envie de me jeter sur lui et de frapper son si beau visage. À la place, je lui fais un grand sourire et lui rétorque :

– Non, je suis du genre à me faire payer le petit dej' par des connards arrogants.

– Ouah, on aura tenu cinq minutes !

Je le regarde et, alors que je croquais dans ma chocolatine, je me mets à pouffer, lui envoyant des miettes de toutes les tailles au visage. Je repose ma viennoiserie dans la petite assiette et prend une serviette pour lui essuyer le visage en m'excusant et en me retenant de rire.

– Désolé, désolé ! Je crois que t'avais raison, ça risque d'être dur de pas s'entretuer !

Il se laisse faire et un sourire doux apparaît sur son visage. Il dépose délicatement une main sur ma joue et je suis de nouveau happé par ses yeux. J'ai tellement envie de l'embrasser. Une bouffée de chaleur m'envahit et je résiste, l'interrogeant du regard. Promptement, sa main chaude quitte ma joue et Alec se recule sur sa chaise. Il tourne la tête, le visage empourpré, et se lève. Avant de partir, il me dit tout bas :

– Pardon, je dois aller aux toilettes.

Scent of LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant