Scent of Love

CHAPITRE 39 : Bizarrerie

– Sergent, il est parti par là !

Je regarde dans la direction que Monsieur Patate me pointe et lève le bras bien au-dessus de ma tête. Presque instantanément, le balais volant que j'invoque apparaît entre mes doigts et je l'enfourche pour poursuivre le fuyard.

Je vole haut dans le ciel, bien au-dessus des toits des immeubles. Très vite, je repère le fugitif et plonge sur lui. Au dernier moment, il m'esquive et je glisse quelques mètres sur le sol. Face à face, nous nous toisons.

– Rends toi ! Tu es cerné !

Le cheval noir hennît puis me défie :

– Tu es bien trop faible pour m'attraper. Et tes subordonnés ne te seront d'aucune utilité !

D'un coup de sabot frappé au sol, il envoie une décharge qui fait exploser les agents-fraises postés aux abords. Il y a de la confiture partout et j'en essuie sur mon visage du revers de la main.

– Tu vas le payer !

Je fonce sur lui, mon balai à la main, mais une lumière blanche m'éblouit. Je recule et devant moi, la crinière du cheval pousse, pousse, pousse et pousse encore, jusqu'à recouvrir tout son corps. Le cocon ainsi formé explose en des milliers de paillettes et Alec, en son centre, est nu. Il me tend sa main dans laquelle il semble tenir quelque chose, et me dit :

– Le petit déjeuner est prêt.

Je cligne des yeux. Alec est bien devant moi, chez moi, une assiette à la main. Il n'y a pas de paillettes et il est habillé. Évidemment...

– Ça va ? T'as une drôle de tête.

Je rougis et sors quasi instantanément de mon renfrognement.

– Pardon, pardon ! J'ai fait un rêve bizarre et... non, rien. Merci pour le petit déjeuner.

Je me relève sur le lit et prends l'assiette de ses mains. J'y admire les belles crêpes pliées, fourrées à la confiture de fraise et ne peux retenir le fou rire que cette vision provoque. Alec relève les sourcils et s'assied sur le lit, à mes pieds. Il me regarde quelques secondes d'un air stupéfait puis se laisse coucher sur le lit en riant également.

– T'es vraiment trop bizarre comme mec !

Je lui donne un petit coup de pied sur la hanche et rouspète :

– Hey, c'est pas une façon de traiter un malade, ça !

Alec se relève et pose son regard sur moi en souriant. Ce que je l'aime, son sourire. Ou plutôt, ce sourire. Il est plein de douceur... Mais il disparaît bien vite à mesure que je suis pris d'une quinte de toux. Alec se précipite sur moi et tapote doucement mon dos. Au bout de quelques secondes, je peux enfin parler :

– Pardon, merci.

J'ai les larmes aux yeux quand Alec me quitte pour revenir avec un verre d'eau qu'il me tend. Je le saisis et remarque la tension sur son visage. Sans dire un mot, je le porte à ma bouche, le corps tremblant. Alec dépose une main glacée sur mon épaule et me demande :

– Ça va ?

Je n'ose pas le regarder et me contente de faire oui de la tête en lui rendant le verre vide.

Le tic et le tac de l'horloge sont les seuls sons à briser le silence qui s'est installé. Puis je réalise et lève des yeux paniqués sur Alec :

– Il est quelle heure ?!

Il semble immédiatement comprendre mon sous-entendu et tente de me faire entendre raison :

– Calme toi, tu ne peux pas aller en cours dans cet état.

Je ne l'écoute pas et pose l'assiette sur mon lit pour me relever. Peut-être trop vite puisque ma tête se met à tourner presque instantanément, m'obligeant à me rasseoir. J'ai des sueurs froides et mon corps entier tremble. Il a raison, je sais qu'il a raison, mais...

– Je dois y aller, j'ai des TD que je ne peux pas rater...

Alec s'approche de moi et s'accroupit pour être à ma hauteur. Il prend mes mains que j'ai commencé à triturer dans les siennes et me rassure :

– Tout va bien. Adèle t'a fait un arrêt qui permettra de justifier tes absences et de ne pas être sanctionné. Tu es encore malade, tu dois te reposer.

– Comment elle peut me faire un arrêt ? Elle n'est pas médecin à ce que...

– Bah si.