CHAPITRE 36 : Confiance

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– Je veux rentrer chez moi...

– Sois pas bête, t'en a pour près d'une heure avec des changements ! Viens chez moi, c'est juste à côté et tu pourras bien te reposer.

Je secoue la tête. Je sais qu'il a raison mais je veux retrouver mon cocon. J'ai envie de pleurer, je me sens si faible... et je déteste ça !

– Je vais prendre un taxi...

– Et dépenser de l'argent pour rien ? T'inquiète pas, je vais pas te sauter dessus, si c'est ce qui te fait peur. Je te ramène chez moi, te file des médocs et t'aide à te coucher dans la chambre d'amis. Après ça, je te laisse tranquille et reviens en cours. J'ai une réunion du BDE ce soir, donc je ne serais chez moi qu'à partir de dix-neuf heures. Si tu vas mieux avant, t'auras juste à claquer la porte en partant. Et sinon, on mangera ensemble si t'as faim.

La tête me tourne un peu et j'ai envie d'accepter. Alec... Que penserais Alec de ça ? J'essaye de me concentrer et de repenser à son protocole. Évidemment, il n'y avait rien là-dessus... Je ne sais pas... Et si c'était moi ? Et s'il était malade et avait été dormir chez quelqu'un qui lui a fait des avances ? Je pense que je serais jaloux, inquiet et peut-être aussi en colère, mais je comprendrais, non ? Or je ne suis pas lui, et il n'est pas moi, et je ne le connais pas encore assez pour savoir... Ça y est, je pleure...

– Pardon... Merci, mais je pense vraiment prendre un taxi.

Sans prévenir, Pierre me prend dans ses bras. Je me crispe et ne sais pas comment réagir. La tête dans mon cou, il me dit :

– Ne t'inquiète pas, pleure autant qu'il le faut et ensuite je t'emmène jusqu'à l'arrêt de bus où j'attendrai un taxi avec toi.

Son corps se tend et je souris en comprenant. Il a senti trop longtemps mon odeur de trop près... Je profite de sa faiblesse pour me dégager de son emprise. Je suis tellement heureux qu'Alec puisse me sentir et me toucher... Aujourd'hui, je suis rassuré que ce soit le seul à pouvoir le faire. Surtout, c'est le seul que je veux... J'ai l'impression que penser à lui me donne quelques forces et je décide d'être clair avec Pierre :

– Merci pour ton aide... Mais Pierre... j'aimerais que tu évites de me prendre dans tes bras.

Il baisse les yeux :

– Je suis désolé... Je ne pensais pas à mal, tu sais ? Je... On est amis mais... quand tu nous a dit que tu étais en couple, j'ai espéré te faire changer d'avis, vu que c'était encore récent et tout. Je m'étais dit qu'il était encore temps pour toi de me choisir, que tu n'avais pas encore eu le temps de trop t'investir dans ta relation. Mais tout ce que j'ai gagné, c'est que tu n'arrives même plus à me faire confiance !

J'ai de la peine pour Pierre et d'une certaine façon, je le comprends. Je ne peux pas le détester et c'est pour moi un ami important. Pourtant, je n'arrive pas à lui dire et au bout de quelques minutes de silence, je décide de le rompre pour lui demander :

– Tu penses que c'est plus facile de choper un taxi à l'arrêt de quel bus ?

Pierre rit et sort son téléphone.

– Tu perds pas le nord, toi ! Alors... Viens, on va par là ! Et c'est moi qui paye ! C'est pour me faire pardonner de t'avoir privé de ta confiance en moi ; je suis sûr que sans ma proposition stupide de la dernière fois, tu serais actuellement tranquillement en train de te reposer dans ma chambre d'amis sans te poser plus de questions !

À peine cinq minutes plus tard, nous voyons une voiture venir vers nous pour m'emmener jusqu'à mon nid douillet. Pierre fait signe au chauffeur et me propose, avant de me souhaiter un bon rétablissement et de refermer la portière, qu'on oublie tout et qu'on reste amis. Soulagé, j'accepte.

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