Moi qui m'étais promis de ne plus arriver tôt à la fac... Et pourtant me voilà devant la cafétéria encore fermée. Je soupire. Je n'ai pas arrêté de faire et refaire encore mon discours dans ma tête. Et pourtant, j'ai l'impression que je ne sais pas quoi leur dire. Je m'installe à une table et sors mon téléphone. Sept heures quarante-six. Je soupire encore tout en me triturant les mains. Le stress monte lentement et je m'oblige à respirer doucement.
Je suis interrompu dans mon exercice par les vibrations de mon téléphone. Je sens un immense sourire se dessiner sur mon visage en lisant silencieusement le message d'Alec : « Courage pour ce matin ! Si tu stresse trop par rapport à tes amis, pense à toutes les belles choses qu'on va faire tout à l'heure... ». Je rougis. Il est malade de m'envoyer ça ! Et puis, si je pense à cet après-midi que je vais passer avec lui, je risque surtout d'être encore plus stressé. Pas de la même façon, évidemment, mais quand même ! Je lui réponds : « Merci ! J'ai tellement hâte de relire avec toi le protocole que nous ne suivrons jamais ! »
Perdu dans mes pensées, je ne remarque la petite bande qui s'approche de moi que lorsqu'elle se trouve à trois mètres à peine. Je ne me sens pas prêt mais je n'ai pas le choix. Je me lève et suis surpris par leurs traits tirés. Même Ejaz n'affiche pas son habituel sourire. Je ravale ma salive en me demandant si c'était vraiment une bonne idée. Au pied du mur, je tente :
– Salut ? Euh... Ça va ?
Pas de réponse. Ils se retournent tous vers Pierre qui joint ses mains devant son visage :
– Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolé ! Tout est de ma faute ! Je n'aurais pas dû te forcer à boire et encore moins te commander un AK-47 sans ton accord !
– Un quoi ?
Pierre baisse les yeux et répète, un ton plus bas :
– Un AK-47... c'est un cocktail avec du gin, du rhum, de la vodka, du whisky, du brandy, du...
– C'est quoi ça ? On dirait une putain de liste de courses !
Pierre se décompose et s'excuse de nouveau. Je le rassure :
– T'inquiète, c'est aussi de ma faute. Bon, pas pour le premier, mais j'aurais pas dû en commander d'autres ensuite. D'ailleurs, qui les a payé ?
Le petit groupe s'installe plus tranquillement. Alix me rend mon sac, que j'avais laissé chez Pierre, et répond à ma question :
– Ne te tracasse pas pour ça, on était responsable de toi, du coup on s'est partagé la note.
– N'importe quoi ! Dites moi combien je vous dois et je vous rembourse !
Ils semblent éviter mon regard, chacun tournant son visage dans une direction différente. J'ai l'impression d'être un prof qui interroge des élèves qui n'ont pas révisé ! C'est finalement Ejaz qui me répond :
– Mec, t'en occupe pas, c'est cadeau.
Il ne sourit toujours pas et semble particulièrement sérieux, ce qui m'inquiète de plus en plus :
– Quoi ? J'ai bu tant que ça ?!
– Meeeeeeeeeec ! J'ai de l'expérience mais là... On aurait dit un puits sans fond !
Sophie donne un coup de coude à son amoureux alors que je reste bouche bée. Il se tourne vers elle et lui demande, des étoiles plein les yeux :
– Bah quoi ? C'est vrai non ?
Il allait ajouter quelque chose mais Sophie l'arrête en mettant sa main devant lui. Elle regarde dans ma direction :
– Pardon pour cet abruti qui considère que boire est une compétition. J'espère que tu pourras nous pardonner et qu'on continuera à être amis...
Je suis surpris par ce que me dit Sophie et une partie de moi se réchauffe à l'idée qu'ils me considèrent comme un ami. Je regarde leur visage et je finis par comprendre, maudissant la lenteur de mon cerveau :
– Mais ! Mais bien sûr que je souhaite qu'on reste amis ! Je... Je suis désolé ! Je voulais pas vous voir par rapport à ça en fait ! Je...
– Oh putain ! Tu nous a fait peur !
Ejaz rit enfin et je vois leurs muscles se détendre et leurs expressions se dérider pour laisser place à des sourires. Pierre me prend la main, me regarde et s'excuse encore. Gêné, je la libère et me tourne vers Alix qui me demande :
– Et du coup, tu voulais nous dire quoi ?
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Scent of Love
RomanceTrois mois après ses premières chaleurs, Nathan débarque à Paris. Mais alors qu'il pensait qu'une vie trépidante d'étudiant s'offrait à lui, il déchante en apprenant qu'il a une maladie rare qui rend ses phéromones malodorantes. En cherchant à se fa...