– Effectivement, je ne vois aucune morsure, c'est stupéfiant !
Je referme à la hâte le collier autour de mon cou, veillant à bien appliquer mon empreinte digitale dans l'encoche prévue à cet effet. Adèle se tourne vers son frère, allongé en position latérale sur le canapé.
– Qu'y a-t-il de prévu pour la suite ?
Décidément, ils sont bien frères et sœurs !
Je ris sous cape et réalise deux choses : si c'est de famille, je ne suis pas pressé de rencontrer les parents et surtout, heureusement que je suis tombé sur Alec et non sur sa sœur ! J'aurais très certainement terminé en prison !
Une pensée en chassant une autre, je finis par me demander à quoi a bien pu ressembler leur enfance et une vague tristesse s'empare de moi.
C'est la voix d'Adèle qui me ramène à la réalité :
– Je ne peux rester plus longtemps. Alec, je serais de retour aux alentours de dix-neuf heures. Nathan, je suis heureuse d'avoir pu vous rencontrer. Pouvez-vous venir fermer derrière moi, je vous prie ?
Je me relève et lui emboîte le pas vers la porte d'entrée. Une fois hors de la vue d'Alec, elle se retourne vivement et prend mon visage entre ses mains. Sous le choc, je la laisse me scruter quelques secondes avant de me défaire de son emprise. Qu'est-ce qu'elle me veut ?! Je frissonne à l'apparition de son sourire :
– Je suis réellement très heureuse ! N'hésitez pas à revenir avec Alec !
La porte fermée à clé, je retourne au salon, un peu pataud. Il s'est passé quoi, là ? Je pensais Alec difficile à cerner, mais j'ai trouvé plus dur encore !
Je me réinstalle sur le confortable fauteuil qui m'avait accueilli plus tôt. Alec, toujours allongé, a les yeux fermés. Il a repris des couleurs et semble aller mieux.
Et moi, comment je vais ? J'inspecte mentalement mon corps. Je n'ai plus mal à la tête. Je bouge mon bassin, mes bras et mon cou. Plus de courbatures !
Je pense que pleurer m'a fait du bien... C'était la première fois que je le faisais en dehors de chez moi, et surtout devant d'autres personnes ! Je rougis en y repensant et un sourire idiot se dessine sur mon visage. Je me tape les deux joues. C'est n'importe quoi !
– Désolé pour tout à l'heure.
La voix d'Alec est étrange, inhabituelle, tremblante. Je regarde dans sa direction mais il s'est retourné, ne me permettant de voir que son dos.
– Par rapport à quoi ?
– Je suis désolé... je n'ai pas pu me maîtriser et... et je t'ai fait peur... et je t'ai fait mal...
La sérénité qui m'habitait quitte mon corps pour laisser place à une angoisse qui me ronge. Je sens le froid qui s'insinue en moi et je pose mon regard sur mes mains qui tremblent.
– Je ne comprends pas... j'avais envie de toi, j'étais bien, je me sentais bien... Et d'un coup, j'ai eu envie de vomir... C'était comme si... comme si toutes mes cellules te rejetaient... Et puis... Et puis toi, ton regard... Je me suis senti comme une proie à la merci d'un prédateur mortel... J'ai eu si peur... si peur... Comment on en est arrivé là ? Qu'est ce que...
Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'Alec bondit et me prend à nouveau dans ses bras. Il enserre mon épaule puis mon visage qu'il fait reposer sur ses abdos. Ce contact me réchauffe le corps et le cœur. Ça m'énerve :
– Pourquoi est-ce que je me sens bien maintenant, quand tu me prends dans tes bras, alors que je devrais avoir peur ?! Plus rien n'a de sens... qu'est-ce qui m'arrive ? Qu'est ce qu'il se passe ?
– Nous sommes liés... nos corps s'appellent mutuellement, je suis désolé... ce n'est pas ce que je voulais... je... je voulais nous protéger de ça... pardon...
Une larme tombe sur ma jambe alors que je ne pleure pas. Je relève la tête et tends ma main jusqu'au visage d'Alec que je caresse du bout des doigts.
– Alors pourquoi ?
– C'est de ma faute... Je... J'ai complètement merdé... J'aurais dû utiliser l'inhibiteur dès que j'ai commencé à sentir tes phéromones ! Mais je ne pouvais pas te résister... c'était trop fort... pardon...
– Mais de quoi tu parles ?
– Je n'aurais jamais dû laisser tes chaleurs provoquer mon rut ! Alors, rien de tout ça ne se serait produit !
– Mais de quoi tu parles ?!
Je me relève et me tiens face à lui. Il comprend rien, putain !
– Qu'est-ce que tu regrettes exactement ?
VOUS LISEZ
Scent of Love
RomanceTrois mois après ses premières chaleurs, Nathan débarque à Paris. Mais alors qu'il pensait qu'une vie trépidante d'étudiant s'offrait à lui, il déchante en apprenant qu'il a une maladie rare qui rend ses phéromones malodorantes. En cherchant à se fa...