CHAPITRE 86 : Partir

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– Qu'est-ce que tu fais ?

– Hum ?

Je détourne les yeux de mon téléphone pour diriger mon regard vers Alec qui dépose une assiette de mochis colorés sur la table basse devant moi. Je lui tends le petit appareil en soupirant :

– Je cherche la force de l'allumer. Il est éteint depuis tellement longtemps que j'ai un peu peur de ce que je peux y trouver. Je sais que c'est con de penser ça, surtout maintenant que tout est réglé mais bon... je ne sais pas... je crois que si je l'allume, je rends les choses encore plus concrètes et surtout, ça m'oblige à penser à demain et je n'en ai pas vraiment envie. Je devrais... Alec ? Ça va ? T'es tout rouge, tu... ?

– Tu n'as pas écouté ni lu tes messages ??

– Je... quoi ? Non, pourquoi ?

Alec cache vivement mon téléphone derrière lui et, en se râclant la gorge, m'informe :

– Ahem... Je... je dois aller aux toilettes.

Je me lève d'un coup lui demande, en m'approchant de lui alors qu'il se recule :

– Vas-y, mais je veux bien récupérer mon portable avant.

Je tends ma main, un sourire crispé aux lèvres. Qu'est-ce qu'il peut bien me cacher encore ? Alec ferme les yeux et soupire longuement. Au bout de quelques secondes, il les rouvre et pose mon téléphone dans ma paume en me fixant :

– Je ne te demande qu'une chose, une toute petite chose de rien du tout : les messages que je t'ai laissé, ne les écoute et ne les lis que tout à l'heure, quand je serai parti, s'il te plaît.

Ma main saisit instinctivement le bout de son tee-shirt et je rétorque sans le réaliser :

– Tu vas partir ?

– Sauf si tu veux que je reste. Je me suis imposé à toi et j'imagine que tu avais prévu d'autres choses pour aujourd'hui. Je ne voudrais pas être une...

– Reste ! Je promets de ne pas lire ni écouter tes messages tant que tu es là !

Alec se rapproche et pose une main sur mon visage en me détaillant du regard. Ses yeux glissent de mon front plissé, vers mes yeux qui le fixent jusque sur mes lèvres où ils s'attardent. Il finit par céder :

– Pfff. D'accord, je reste. Mais ne change pas tous tes plans ! Si tu as des choses à faire, je trouverai comment m'occuper, t'en fais pas pour moi, chaton.

Je lâche son tee-shirt et le pince au niveau de la taille. Il se débat en riant :

– Hey ! Ça fait des chatouilles, arrête !

– Et toi, arrête avec les surnoms ! Je te fais une fleur et c'est comme ça que tu me remercies ? Non mais j'y crois pas, quelle indignité !

– Hum ? Tu as raison, je devrais faire preuve de plus de reconnaissance. Comment puis-je te satisfaire ?

Je me sens rougir jusqu'à la pointe des cheveux devant le regard malicieux d'Alec. C'est à son tour d'avancer alors que je recule et, bien vite, je tombe assis sur le sofa. Mon amant en profite pour s'accroupir devant moi, les mains posées sur mes genoux. Je n'arrive pas à penser ou à détacher mon regard de lui alors qu'il déboutonne mon pantalon et qu'il le dézippe avant de le faire glisser le long de mes cuisses. Je déglutis devant cette vision érotique et, d'une voix rendue rauque par la tension, je lui demande :

– Tu as toujours été aussi... sexy ?

J'ai l'impression de fondre devant l'expression qu'il m'adresse. À cet instant, je me sens comme une souris sur le point de se faire dévorer par un chat, et j'aime ça. Non, j'adore ça ! Un frisson irrésistible s'empare de moi et j'ai l'impression de me sentir vibrer. Puis un son se fait entendre, harmonieux et reconnaissable entre tous. Presque instantanément, je me crispe et fixe l'appareil qui en est à l'origine. Coincé entre mes fesses et l'accoudoir du sofa, mon téléphone s'est allumé et attend que je rentre mon mot de passe. Le regard que je lance à Alec est paniqué et il prend mon portable, un sourire doux aux lèvres :

– Il semblerait que le destin te fait un signe. Qu'est-ce que tu veux faire ?

– Je... ahem... Désolé, je suis plus trop dans le mood là...

– J'avais remarqué, t'inquiète. Comment je peux t'aider ?

Je ne lui réponds pas et me contente de fondre dans ses bras. Je ferme les yeux et cherche son odeur, cette douce fragrance de pâquerettes qui me rassure. Je profite de chaque petite seconde pour reprendre des forces et, une fois apaisé, je me décide :

– Je vais écouter mes messages. Est-ce que tu veux bien rester avec moi ? 

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