Le lycée des Surnaturels (tome 2)

Chapitre 1

Attention, ceci est un tome 2 !

Je descends l'escalier en me persuadant que tout va pour le mieux. Que je n'ai pas mis en grave danger le secret de l'existence des créatures surnaturelles. Que je ne me suis pas attiré le courroux des loups-garous pour avoir poussé l'un d'entre eux à refuser de rencontrer son âme sœur. Que ma sœur jumelle ne me fait pas la tête à vie parce que je lui ai caché deux ou trois trucs, ces derniers temps. Évidemment, je n'arrive à me convaincre de rien du tout et mon stress ne fait qu'augmenter un peu plus à chaque marche que je descends.

Je prends une grande inspiration en fixant mon regard sur le déluge de guirlandes accrochées à la rambarde. Mélusine et moi avons passé des heures hier à les accrocher, si bien que l'intérieur de notre petite maison de Saint-Malo ressemble à un feu d'artifice multicolore. Les innombrables plantes sont recouvertes de boules en verre et de nœuds paillettés. Évidemment, nous n'allons pas pouvoir profiter longtemps de ces décorations, puisque nous allons devoir partir pour la forêt de Paimpont dès demain. Pour affronter Grand-mère. Enfin, je veux dire : pour passer Noël en famille.

Changeant de technique, je décide de me concentrer sur les points positifs de mon existence avant de sombrer définitivement dans la panique. Parce qu'il y en a quand même. Le premier d'entre eux étant qu'Auguste Koch, un loup-garou alpha super sexy qui se trouve être le sosie (en plus jeune et sans cicatrice) de Geralt de Riv, est toujours mon petit-ami. Ce qui explique d'ailleurs mon problème avec les gens de son espèce. Le second point est que je ne suis finalement pas malade et que je ne vais donc pas exploser. Puis, pour finir, j'ai appris il y a peu que je n'étais pas le garçon fée anormal et complètement nul que je croyais être. Même si je reste anormal, à bien y réfléchir. Mais plus aussi nul. Enfin j'espère. 

Je suis arrivé en bas de l'escalier. Je n'ai que quelques pas à faire pour atteindre la cuisine dont la porte est entrouverte. La télévision est visiblement allumée. Je ne peux pas voir l'écran, de là où je suis, mais je peux entendre sans problème le son.

— La Tour Eiffel restera fermée pendant plusieurs mois pour effectuer les travaux nécessaires, est en train de dire une journaliste. En attendant, la police n'a dévoilé aucune information quant à la nature de la mystérieuse attaque dont elle a été victime. Les rumeurs vont bon train à ce sujet.

La voix change. Je suppose que le reportage est en train de filmer des passants dans une rue de Paris. Je reconnais le brouhaha incessant.

— Mon fils affirme que c'est un coup des extraterrestres, affirme une vieille dame. Mais moi je sais bien que c'est une nouvelle arme du gouvernement.

— C'était de la magie ! pépie une voix suraiguë. C'est sûr et certain !

La journaliste reprend la parole.

— Quoi qu'il en soit, la vidéo tiktok filmée apparemment le même jour que les destructions effectuées sur ce monument emblématique de la capitale continue à circuler activement.

Mon ventre se noue encore davantage. Beaucoup trop de gens sont beaucoup trop près de la réalité.

— Les travaux à effectuer pour remettre en état le dernier étage représentent un coût de plusieurs millions d'euros, poursuit la journaliste, ce qui ne fait rien pour calmer ma mauvaise conscience.

Heureusement, pour le moment, personne ne m'a demandé de payer les réparations. Je n'en aurais pas du tout les moyens. Je ne dois avoir qu'une dizaine d'euros dans ma tirelire, après m'être ruiné pour acheter les cadeaux de Noël de mes proches.

— Quelqu'un veut encore du jus d'orange fraîchement pressé ? demande Maman sur un ton plus fort que la télévision.

— Oui, moi ! clame Mélu.