Le lycée des Surnaturels (tome 2)

Chapitre 67

Estelle n'attend pas davantage avant de me balancer un énorme flux à la figure. Mes bras agissent de leur propre initiative pour l'attraper et le renvoyer dans un geste expert. La magicienne ne s'attendait visiblement pas à un tel exploit et a tout juste le temps de l'esquiver.

Boum

Le flux vient heurter l'un des bancs du dernier rang. Ce dernier est arraché de son socle et dégringole quelques marches avant de s'immobiliser dans un équilibre précaire.

Je me crispe. Mme Bihan va me tuer. Je pourrais peut-être nier être le responsable de cette dégradation du mobilier scolaire ? Finalement, c'est peut-être une bonne chose que Médor ne soit plus là pour filmer et enregistrer des preuves.

Estelle ne paraît pas avoir de tels scrupules.

Ping !

Elle est déjà en train d'attaquer à nouveau, sans même me laisser le tour. Vraiment, est-ce là une façon de se comporter ?

La jeune fille se retrouve enveloppée d'une lumière vive et verdâtre qui me fait plisser les paupières. Je vois deux sortes de serpents lumineux s'enrouler autour de ses deux bras. Mes yeux s'écarquillent. Deux flux en même temps ? Lequel suis-je censé renvoyer ? Celui de droite ? Celui de gauche ? Les deux ? Incapable de me décider, je reste figé sur place. Mes ailes prennent le relais et me soulèvent dans les airs juste à temps. Je sens le souffle des flux m'effleurer et cela suffit à provoquer une vive douleur sur mon avant-bras gauche. J'y jette un coup d'œil. Mon sweat-shirt de sport est déchiré sur dix bons centimètres en longueur et j'aperçois des gouttes de sang perler ! Je suis blessé !

Paniquées, mes ailes accélèrent encore le rythme. Je me retrouve obligé d'effectuer un looping en catastrophe pour ne pas heurter le plafond.

— Tu peux voltiger autant que tu veux, sale insecte, me crie Estelle. Je vais t'écraser comme une mouche.

Mes ailes en tressautent d'indignation. Nous ne sommes pas une mouche. Nous sommes une fée avec de magnifiques ailes de libellule (certes d'une couleur peu virile). Et une fée qui parle actuellement à la première personne du pluriel. Hum.

J'effectue une manœuvre sur le côté tout en réfléchissant à toute allure. Je dois répliquer ! Et je j'utilisais mon élément ?

Mes mains se rapprochent aussitôt l'une de l'autre. Une flamme apparaît lorsqu'elles entrent en contact. Je la fais rouler un instant entre mes doigts avant de la balancer sur mon adversaire. Estelle l'esquive en plongeant sous un pupitre intact. La flamme s'écrase sur le banc derrière elle. Qui prend feu. Oups. Mme Bihan va réellement me tuer, si Estelle ne s'en charge pas avant.

La magicienne paraît cependant accorder une certaine importance à l'intégrité du lycée car elle balance de l'eau pour éteindre le début de l'incendie, provoquant une épaisse fumée noire.

— Ça ne va pas non, espèce de cinglé ? me crache-t-elle à la figure.

Je ne réplique rien, un peu penaud. M. Marlin n'est pas là pour jouer à l'arbitre. Comment savoir quand le combat sera terminé ? Lorsque l'un des deux adversaires sera pulvérisé ? Je ne tiens pas particulièrement à l'être et si je crame Estelle, elle ne pourra jamais me révéler ce qu'elle me cache. Et puis je pourrais finir en prison. Je doute que le Grand Conseil se contente de me priver de sortie pour une telle action.

Le début d'incendie semble éteint. La fumée s'est répandue dans la salle, masquant la lumière du jour. Je profite de la visibilité réduite pour fondre sur Estelle dans une totale improvisation. Je l'agrippe par les aisselles et la soulève dans les airs avec moi. Elle pousse un hurlement et se met à s'agiter comme une diablesse.