Chapitre 10

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Je prends plusieurs grandes bouffées d'air en sortant enfin de cette tour. Il fait toujours froid, même si la neige a eu le temps de fondre depuis le 21 décembre.

Nous prenons le RER A pour gagner le centre de Paris. Je me laisse balancer par les secousses, l'esprit ailleurs. M. Marlin a raison, je m'en suis bien tiré. Le Grand Conseil aurait pu faire preuve de bien plus de sévérité envers moi. Heureusement, ses membres étaient trop occupés à se hurler dessus pour trop faire attention à moi. Et je n'ai même pas eu à sortir une vérité convaincante !

Je resserre mon poing contre la barre de maintien. À partir de maintenant, plus de mensonge. Je me contenterai toujours de la vérité vraie. Je n'ai plus rien à cacher, après tout.

— Vivien, chéri, nous descendons-là ! me dit soudain Maman.

Je sursaute et m'empresse de fendre la foule pour sortir du wagon.

Une fois bien au chaud dans un café, on ne me demande heureusement pas d'entretenir la conversation, car Maman et M. Marlin s'en chargent très bien tout seuls. Ils sont si occupés à se remémorer des souvenirs de leur scolarité qu'ils laissent refroidir leurs chocolats chauds. Je sirote le mien de mon côté en me sentant de trop.

Maman a la même expression radieuse sur le visage que lors de ses premiers jours avec un nouvel Envoûté. De son côté, M. Marlin ne cesse de passer une main dans ses cheveux pour se donner un air avantageux.

J'avale une part de brioche, un peu agacé par leur manège. J'espère quand même qu'ils ne vont pas vouloir se remettre ensemble. Ça serait vraiment bizarre. Et Morgane ne le prendrait pas bien du tout, la connaissant.

Cela dit, Maman est l'une des seules à accepter ma relation avec Auguste. Je serai donc bien ingrat de juger la sienne. Oui, je la soutiendrai quoi qu'il arrive, même si elle veut se mettre en couple avec mon proviseur (qui se trouve aussi être accessoirement mon géniteur).

Maman et M. Marlin continuent à jacasser tout au long du trajet vers le lycée. Je les suis en tirant ma valise qui est tout de même plutôt lourde. Heureusement, nous sommes à présent tout proches de l'Institut, et...

M. Marlin nous fait soudain signe de nous arrêter à un tournant. Surpris, je regarde par-dessus son épaule et ai un choc. Tout un attroupement se trouve rassemblé devant les portes du lycée. Et ce ne sont manifestement pas des élèves attendant de rentrer, vu les âges disparates. Certains d'entre eux semblent être des journalistes, à en croire leurs appareils photo et caméras. D'autres brandissent des pancartes. Je n'arrive pas à lire ce qui y est écrit, car elles sont tournées dans l'autre sens. Je suppose, néanmoins, qu'il ne s'agit pas de messages de sympathie. Des policiers sont positionnés un peu à l'écart, surveillant la foule.

— Ils sont là depuis quelques jours, explique le proviseur d'un ton léger. Apparemment, quelqu'un a reconnu l'uniforme de l'Institut sur la vidéo.

Je le savais déjà, puisque je suis un lecteur assidu des commentaires. Pour autant, je ne m'étais pas imaginé les répercussions que cette révélation a entraînées.

— Comment allons-nous rentrer dans le lycée ? je m'inquiète.

Je n'ai pas la moindre envie d'être filmé et de finir à nouveau sur TikTok. Une fois m'a suffi. Je suis assez célèbre comme cela.

— Nous allons utiliser le trou dans le mur latéral, répond tranquillement le proviseur.

Je sursaute, surpris.

— Je pensais que les professeurs ne connaissaient pas l'existence de ce trou, j'avoue.

M. Marlin me sourit.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant