Le lundi matin, les chuchotements sur mon passage sont plus nombreux que jamais tandis que je me rends à la cantine avec Auguste. Certaines personnes font en sorte de parler suffisamment bas pour que je ne les comprenne pas. D'autres ne se donnent pas cette peine. Leurs regards scrutateurs pèsent sur moi comme des poids invisibles. Apparemment, tout le monde a déjà vu la vidéo de mon Envoûté.—... Veut vraiment dévoiler notre existence ? s'indigne une vampire auprès de son amie.
Mon petit ami, qui lui entend tout grâce à son ouïe de loup, semble sur le point de mordre quelqu'un. Je suis obligé de le surveiller, car la violence n'arrangera rien. Il fait encore nuit et la lumière tamisée des lampes antiques du couloir crée une ambiance lugubre et oppressante qui ne m'aide pas à me calmer.
Nous allons nous installer à notre table habituelle.
—... En plus, il a volé un loup ! Pour qui se prend-il, celui-là ?
Je beurre mon morceau de pain en serrant les dents. Auguste s'est assis en face de moi, le visage maussade. Il paraît d'humeur exécrable et ne m'a quasiment pas adressé la parole depuis que nous nous sommes retrouvés.
Au bout d'un long, d'un très long silence pesant, il finit par lâcher :
— J'ignorais que tu t'étais fiancé. J'ai été plutôt surpris de l'entendre à la télévision.
Une pierre me tombe dans l'estomac et j'en lâche mon pain qui tombe sur la table du côté du beurre (évidemment).
— Je t'avais dit que j'avais accidentellement envoûté quelqu'un !
— Pas que tu étais toujours lié à lui. Ni que vous vous étiez fiancés.
La voix de l'alpha reste aussi glaciale qu'un iceberg.
Je secoue frénétiquement la tête.
— Nous ne sommes désormais plus liés du tout. Et nous n'avons jamais été fiancés. Je n'ai aucun sentiment pour lui. C'est toi que... que...
Ma voix s'étrangle.
— Que tu... ? demande l'alpha d'un ton neutre.
— Que... que j'aime.
Je glapis le dernier mot un peu plus fort que je ne l'aurais voulu. En voyant les yeux de l'alpha s'agrandir, je me rends compte que c'est la première fois que je lui dis.
Mon cœur se met à battre beaucoup trop vite. Auguste ouvre la bouche pour répondre quelque chose lorsqu'il est soudain interrompu par la sonnerie désagréable d'un haut-parleur.
— Vivien Guyonvarc'h est attendu dans le bureau du proviseur, clame une voix qui résonne dans toute la cantine.
Mon visage se met à chauffer tandis que les quelques regards qui n'étaient pas déjà fixés sur ma personne se tournent vers moi.
Je me lève d'un bond en attrapant mon sac dans la foulée.
— Je dois y aller.
Ma voix est trop aigüe, comme si elle n'était pas réellement la mienne. Je me précipite vers la sortie en courant presque, sous le regard de toutes les personnes présentes. Mais ce sont les yeux d'Auguste qui pèsent le plus lourd sur moi. Je peux les sentir fixés sur mon dos.
J'arrive dans le couloir, mon cœur battant douloureusement. Je secoue frénétiquement la tête de droite à gauche. Qu'est-ce qui m'a pris de sortir une telle phrase à Auguste ? L'amour, ce n'est pas quelque chose à prendre à la légère et à sortir à la cantine alors que mon petit ami et moi-même n'avons pas vraiment d'avenir possible ensemble. Les fées se lassent, les loups se lient entre eux. Ainsi va le monde.
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Le lycée des Surnaturels (tome 2)
FantasyTome 2. La lecture préalable du tome 1 est indispensable. Après les événements de la Tour Eiffel, Vivien fait sa rentrée à l'Institut, plus stressé que jamais. Il doit faire face à ses actes en plus d'apprendre à contrôler ses nouveaux pouvoirs. Et...