Chapitre 27

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Un peu surpris, je me rends compte que les semaines ont filé sans que je n'y prenne garde, trop occupé à apprendre à devenir un magicien en plus d'une fée accomplie. À essayer, du moins. Le mois de février est désormais bien entamé et notre séjour en Écosse approche.

Un matin, en sortant de la cantine, j'aperçois un attroupement devant les panneaux d'affichage. Deux sirènes passent à côté de moi et s'exclamant :

— Ce sont les attributions des correspondants ! Enfin !

Oh...

Je leur emboîte le pas, malgré mon envie inexistante de me mêler à la foule. Je continue à m'attirer des regards de travers, même si personne n'ose me lancer une insulte, sans doute de crainte de se faire mordre par Auguste.

Je découvre que les fiches de description de nos correspondants et correspondantes sont posées sur une table, avec des tas alphabétiques. Apparemment, ce sont les Écossais qui ont choisi chacun l'un d'entre nous.

Je m'approche de la lettre G. Ce faisant, je me retrouve accidentellement à côté de Morgane, puisque notre nom de famille commence par la même lettre (forcément). Ma respiration se bloque. Je me crispe en rassemblant tout mon courage. Je vais ouvrir la bouche et lui dire... lui dire... Lui faire remarquer qu'il fait beau, par exemple. Même si, à bien y réfléchir, il y a quand même pas mal de nuages, et...

Ma jumelle s'éloigne cependant de moi avant que j'ai eu le temps de trouver une phrase à prononcer. Elle ne m'a même pas adressé un regard. Bon, je réessayerai une autre fois. Mon accroche n'était de toute façon pas extraordinaire.

Je récupère rapidement la feuille à mon nom et m'éloigne. J'y jette un coup d'œil. Apparemment, ma correspondante se nomme Moira Murray. Et c'est une magicienne. Cette dernière information me surprend quelque peu. Je m'imaginais plutôt être avec une fée. Peut-être y a-t-il plus de magiciens en Écosse que chez nous et elle se serait sinon trouvée sans partenaire ? Il est vrai que le seul autre choix possible dans notre promotion est Hector et qui voudrait d'un tel boutonneux (nous avions joint une photographie à notre dossier et il est indéniable que je suis le plus esthétique, même si je ne veux pas avoir l'air de me vanter) ?

Je m'éloigne en tenant la feuille du bout des doigts. Je tombe sur Auguste qui revient du tas des K.

— Ton correspondant a l'air sympa ? je lui demande.

Il hoche la tête.

— On dirait. Et c'est une correspondante.

Une correspondante ? je répète en cachant tant bien que mal mon inquiétude.

Et si cette louve était son âme soeur ?

Auguste me tapote le bras. Apparemment, il a parfaitement deviné ce qui se tramait dans mes pensées.

— Ne t'en fais pas. Et puis, je ne pourrais pas éviter la gente féminine jusqu'à la fin de ma vie.

— Je sais, je sais.

Je détourne le regard en faisant semblant de s'intéresser à la feuille de description de ma correspondante. Priver Auguste de son âme sœur me donne mauvaise conscience. N'est-ce pas cruel d'infliger cela à celui qu'on aime ? Même si cet amour n'est apparemment pas réciproque, à en croire son absence de réponse à ma déclaration.

Je secoue mentalement la tête et me force à me concentrer vraiment à la feuille devant mes yeux. Moira Murray habite Édimbourg et n'est donc pas pensionnaire dans son lycée. Elle aime les randonnées, l'équitation et fabriquer des bougies (bon, pourquoi pas). J'espère qu'elle sera plus sympathique qu'Hector ou que la magicienne de l'autre jour et qu'elle ne me méprisera pas trop.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant