Chapitre 48

1.2K 166 56
                                    


Je fronce les sourcils. Lire dans l'esprit du boutonneux ? Pire encore, le laisser farfouiller dans le mien ? L'idée me révulse.

— Vous venez de nous dire qu'il était interdit de lire dans les pensées d'une créature surnaturelle, je proteste en croisant les bras pour dissimuler mon appréhension.

Le proviseur sourit, ce qui ne fait que renforcer mon malaise.

— Je vous autorise à le faire exceptionnellement, à titre d'exercice. Mettez-vous l'un en face de l'autre. Le contact visuel est d'une grande aide.

Je me lève les jambes en coton. La salle semble soudain oppressante. De son côté, Hector devient encore plus pâle que d'habitude, une goutte de sueur perlante sur son front. Il évite soigneusement de croiser mon regard.

M. Marlin agite de façon théâtrale deux morceaux de papier pliés en quatre. Il nous en tend un à chacun.

— Aujourd'hui, nous allons nous concentrer sur les pensées de surface, les plus simples à percevoir. Vous allez chacun penser en boucle à la phrase qui se trouve sur ce bout de papier. Vous essayerez en même temps d'essayer de percevoir les mots qui passent dans l'esprit de votre vis-à-vis.

Je déplie mon papier sur lequel il est écrit : "Le ciel est bleu". Bon. M. Marlin n'a pas l'air d'être un auteur très inspiré.

— Qu'est-ce qu'on doit faire exactement ? demande Hector dont la pâleur s'est accrue.

Sa tête est légèrement tournée vers le côté, comme s'il n'osait pas me regarder en face. Ha ! La magie de l'esprit provoque en lui une appréhension certaine. Je me demande quel secret il me cache. Si ça se trouve, il est en train d'élaborer un nouveau plan diabolique semblable à celui de la tour Eiffel. Ce type est un vraie génie du mal.

Le proviseur paraît surpris par la question.

— Et bien, ce que je viens de dire.

— Non, pour lire dans les pensées.

M. Marlin prend l'air songeur.

— Il faut surtout de la concentration. Il n'y a pas de formule magique ou de rituel particulier à effectuer. La magie de l'esprit est surtout instinctive. Sachez que les magiciens et magiciennes y sont réceptifs ou non. Certains d'entre eux, pourtant excellents dans d'autres domaines, n'y parviennent pas, ou très mal. Alors, vous êtes prêts ?

Je me crispe. Non, je ne suis pas prêt. Je crains cependant de ne pas avoir le choix.

Le boutonneux et moi nous faisons face. Je serre le papier entre mes doigts, le froissant.

Le ciel est bleu, je pense le plus fort possible. Le ciel est bleu. Le ciel est bleu.

Il ne faudrait pas que je fasse dévier mes pensées, alors je me concentre à fond sur cette phrase. Lorsque mon esprit tente de divaguer, je ferme les yeux un instant en respirant profondément pour garder le contrôle.

Le ciel est bleu. Le ciel...

Et j'entends soudain très distinctement :

Les fraises sont rouges. Les fraises sont rouges. Les... Cette phrase est quand même ridicule. Enfin, c'est mieux que de penser à Morgane, je suppose. Je ne voudrais pas que son propre frère voit...

Hop, je parviens à m'extirper du cerveau de ce pervers juste à temps pour ne pas finir traumatisé.

— Les fraises sont rouges ! je m'exclame triomphalement en laissant soigneusement de côté la partie sur Morgane que, moi non plus, je ne tenais pas à entendre.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant