Le lycée des Surnaturels (tome 2)

Chapitre 68

Je me dirige vers le lieu central de l'épreuve à un rythme bien plus lent que je m'en étais éloigné. Mon crâne me fait un mal de chien. Je retiens un gémissement à chaque pas. Personne ne doit me voir arriver, puisque Médor ne m'accompagne plus.

Enfin, j'aperçois les gradins sur lesquels se pressent les bienheureux élèves de première et terminale qui n'ont rien à faire d'autre que d'assister au spectacle. L'écran géant montre la progression de quelques élèves qui se battent avec les pièges pour récupérer leur pierre d'arcane.

Je vois alors mes camarades rassemblés autour du baromètre.

— Garçon fée ! s'écrie aussitôt Auguste en venant à ma rencontre. Tu as trouvé ta pierre d'arcane ? On a récupéré toutes les autres !

Je cligne des yeux, me demandant pendant une seconde de quoi il parle.

— Oh, la pierre ? Oui, je l'ai.

Titania se met à trépigner sur place.

— Dépêche-toi de venir l'insérer ! Nous sommes la première équipe au complet !

Je tourne la tête vers elle sans la regarder. Ce n'est pas elle qui attire mon attention, mais sa voisine. Lisa. La gentille et douce petite oméga à qui on donnerait le bon Dieu sans confession.

Mon corps se met à trembler de colère devant tant de duplicité. Dire que je croyais cette louve mon amie il y a quelques jours !

Auguste me jette un regard interrogatif.

— Vivien ? Tout va bien ? Tu n'as pas eu de problème pour désactiver les pièges qui gardaient la pierre ?

Je secoue la tête.

— Non, non.

Je n'ai d'ailleurs rien eu à désactiver, puisqu'Estelle s'en était chargée pour moi. Voilà un point positif dans toute cette affaire.

Je m'approche de l'artéfact dans un état second. Je pourrais confronter immédiatement Lisa devant tout le monde. Mais je ne le ferai pas. Déjà parce que nous avons cette épreuve à finir et que, en tant que chef d'équipe, je me dois de mener à bien cette opération. Et parce que, au fond de moi, je veux bien laisser le bénéfice du doute à la jeune fille. Il n'est pas tout à fait exclu qu'Estelle ait raconté n'importe quoi pour se débarrasser de moi. J'insère alors la pierre dans l'espace laissé libre de l'artéfact, sans un mot et recule de quelques pas, prudent.

Le baromètre se met à vibrer. Pointant toujours le mot "tempête", ses aiguilles s'illuminent les premières, suivies par l'écran et le cadre en bois. Au départ, je m'imagine que cette lumière est le seul effet provoqué par l'artéfact. Puis Titania pointe le ciel du doigt.

— Regardez !

Je lève le nez comme tous les autres. Des nuages accourent dans tous les sens pour se rassembler juste au-dessus de nous.

Cracaboum !

Un éclair zèbre le ciel accompagné par un grondement de tonnerre qui résonne dans tout le parc. Un vent violent fait valser les branches et les sommets des arbres. Les nuages se mettent alors à déverser des torrents de pluie. Curieusement, la tempête semble cependant arrêtée par les protections magiques qui entourent le lycée, car le ciel de la rue reste uniformément bleu.

Les caméras volent dans tous les sens pour chercher un abri. Apparemment, elles ne raffolent pas de l'humidité. Les élèves de première et de terminale poussent des cris en se recouvrant la tête de leurs vestes ou sacs. Mes camarades, quant à eux, lancent des "oh !" et des "ha !" enthousiastes, émerveillés par le pouvoir de notre artéfact. Pour ma part, je suis incapable de profiter du spectacle. Le seul fait qui me fasse vaguement réagir positivement est de me dire que nous sommes arrivés à la fin de cette épreuve les premiers, soit avant l'équipe d'Hector.