Chapitre 8

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Nous allons à la gare à pied, car Grand-mère a refusé de nous y conduire en voiture. Le pire est qu'elle-même doit se rendre à Paris pour représenter le Cercle des fées au Grand Conseil et que nous aurions pu faire le trajet ensemble, puisque nous nous rendons à la même audition. Mais Grand-mère n'a rien voulu entendre. Elle affirmait qu'elle ne voulait pas faire preuve de favoritisme envers un accusé. Tu parles de favoritisme ! Je suis sûr et certain que c'est elle qui sera la plus sévère de tous !

— Tout va bien se passer, m'assure Maman à plusieurs reprises.

Nous nous installons dans le TGV qui nous amènera droit vers Paris. Cela me fait bizarre de ne pas voir Morgane à côté de moi. Elle devait rester pour s'occuper des petites et ne me rejoindra à Paris que pour la rentrée. J'ignore si son absence me pèse ou... ou me soulage.

Je m'en veux aussitôt d'avoir une telle hésitation. J'aime Morgane. Bien sûr que sa présence devrait me réjouir. Me réjouis.

— Cela fait des années que je ne me suis plus rendue à Paris, m'avoue Maman qui m'a laissé la place du côté de la fenêtre. Depuis la fin de ma scolarité, d'ailleurs. On m'avait proposé un poste là-bas, mais la Bretagne me manquait et me paraissait un cadre plus propice pour élever des enfants. Je n'ai jamais regretté ce choix.

Je lui jette un regard en coin. D'après M. Marlin, ma mère n'est restée avec lui que peu de temps. L'a-t-elle regretté ? Leur couple aurait-il duré davantage si elle était installée dans la capitale ?

Bah, ça ne sert à rien de refaire l'histoire.

Je passe l'essentiel du trajet à regarder le paysage, gagné progressivement par l'anxiété. Je cherche de plus en plus désespérément une vérité convaincante pour le Grand Conseil. Plus convaincante que celle proposée par Auguste. Mon inspiration est cependant toujours aussi inexistante lorsque des immeubles couverts de graffitis colorés me signalent notre arrivée à la capitale. La neige qui avait recouvert Paris la veille des vacances a presque complètement fondu. Il n'en subsiste que quelques traces éparses çà et là. Pour le reste, la ville a retrouvé son ciel gris et ses rues animées par le ballet incessant des passants toujours pressés. 

— Nous allons déposer nos bagages à l'hôtel, puis nous irons retrouver Armand pour le dîner, annonce Maman en se saisissant de son sac à main.

Ses joues se colorent de rose à la mention de mon proviseur. J'espère quand même que je ne vais pas passer la soirée à tenir la chandelle.

Je tire ma valise derrière moi, réfléchissant à nouveau à une vérité convaincante. Et si j'incluais un petit enchantement ? Je pourrais prétendre avoir été ensorcelé, et... Oui, mais les envoûtements de Titania n'ont jamais fonctionné sur moi, alors...

— Armand a proposé de dîner avec nous, mais nous ne rentrerons pas trop tard, puisque tu auras ton audition le lendemain, reprend un peu plus tard ma mère en se dirigeant d'un pas expert vers une bouche de métro.

Apparemment, elle a un bon souvenir du réseau des transports en commun, car elle n'hésite pas une seule seconde sur l'itinéraire que nous devons prendre.

Une fois à l'hôtel, nous nous approchons de la réception pour récupérer les clefs de notre chambre. Deux clients s'y trouvent déjà, en pleine conversation avec la réceptionniste qui semble les écouter avec passion. Un spitz nain blanc comme un nuage se gratte les puces à leurs pieds, faisant tinter la petite clochette qu'il porte au collier.

Je reste prudemment à une certaine distance. J'étais allergique aux chiens, autrefois. Mais cette allergie a heureusement disparu un peu après avoir commencé à sortir avec un loup-garou, ce qui m'a permis de ne plus avoir à me moucher sans arrêt lorsqu'Auguste était dans les environs.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant