Chapitre 56

938 150 57
                                    


Comme toutes les choses ont une fin, même les mauvaises, la semaine à Paimpont finit par se terminer et heureusement, car l'ambiance a été plutôt glaciale. Suite à la fugue d'Oriande, Grand-mère n'a pas cessé de critiquer Maman et l'éducation (ou, apparemment, l'absence d'éducation) qu'elle nous avait donnée.

"Pas étonnant que ton fils fréquente un loup-garou", a-t-elle lancé à un moment en guise d'illustration.

J'ai fait de mon mieux pour l'ignorer tout en me promettant de me procurer au plus vite les fameux bouchons d'oreille salvateurs.

Je respire mieux dès que Morgane et moi mettons les pieds dans le TGV qui doit nous ramener à Paris. Dire que je me sens heureux à la perspective de la rentrée... Enfin, c'est surtout parce que je vais retrouver mon petit ami.

Confortablement adossé à mon siège, je révise mes hiéroglyphes pendant un gros quart d'heure avant de lire quelques pages de la Magie pour les nuls. Je m'attaque ensuite aux derniers exercices de mathématiques que je n'avais pas eu le temps de finir. Puis je décide que j'ai été suffisamment studieux comme cela et enfonce mes oreillettes dans les oreilles pour écouter de la musique. Je lance la BO de la série The Witcher et regarde par la fenêtre, par-dessus l'épaule de Morgane. Comme cette dernière me bouche une bonne partie de la vue, je finis par fermer les yeux et me plonger dans mon univers préféré. Je le connais si bien que je vois aussitôt Geralt de Riv apparaître devant moi, vêtu de noir, comme à son habitude.

M'évoquer Geralt de Riv me fait bien sûr penser à Auguste. Je me le représente aussitôt dans la peau du sorceleur, en train de combattre de féroces monstres tout en exhibant ses muscles. Quant à moi, j'aime bien m'imaginer être un Yennefer masculin. Ou éventuellement un Ciri masculin, même si Ciri et Gérald ne développent aucune relation amoureuse. Malheureusement, je suppose que le personnage auquel je ressemble le plus est le barde Jaskier. Je n'ai rien contre lui, mais je le trouve souvent agaçant. Oh et puis tant pis. Je suis Yennefer, et peu importe ce que vous en pensez.

Pendant les minutes qui suivent, de délicieuses batailles musclées pleines de magie défilent sous mes yeux.

Geralt/Auguste vient de terminer de terrasser un monstre particulièrement hargneux (et qui ressemblait bizarrement à Grand-mère) et se dirige vers Yennefer/Vivien, les lèvres déjà tendues vers l'avant, tout prêt à...

Morgane me flanque un coup de coude. Agacé, je rouvre les yeux et retire l'une de mes oreillettes.

Quoi ?

— Tu as vu ça ?

Elle me tend l'écran de son portable sur lequel défile une vidéo. Je m'en saisis aussitôt, inquiet. Et si c'était encore cette journaliste Aurélie Blancard ? Et si elle avait finalement décidé de mettre en ligne les révélations que je lui avais faites sur les loups-garous et les courgettes ? Enfin, que j'avais cru faire à Maman, pour être honnête. Et la partie concernant les courgettes n'est sans doute pas la plus grave.

La vidéo ne provient cependant pas d'Aurélie Blancard mais d'un type qui m'est inconnu et qui a entrepris d'aller interviewer des passants dans les rues de Paris.

— On aurait dit un grand cheval blanc, mais avec une corne sur le front, est en train d'affirmer une vieille dame en imperméable bleu vif.

Mon souffle se coupe. Je repense à la vision que j'avais eue dans le parc il y a quelque temps.

— Une licorne, donc ? souhaite se faire préciser le jeune homme qui filme.

La passante hoche la tête.

— Elle broutait tranquillement dans le jardin du Luxembourg, figurez-vous ! Et, tout à coup, elle a tout simplement disparu.

Morgane et moi échangeons un regard.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant