Le lycée des Surnaturels (tome 2)

Chapitre 66

Nous décidons finalement de ne pas dévoiler les agissements d'Hector. Auguste proteste beaucoup, mais finit par accepter de suivre mon opinion. De toute façon, nous sommes arrivés en deuxième position grâce à notre performance de l'autre jour, et le résultat final du tournoi prendra en compte le total des trois épreuves. Nous sommes donc plutôt bien positionnés pour le moment.

Tout le monde ne fait que parler du tournoi pendant les deux jours qui séparent la première de la deuxième épreuve. Morgane brille de tout feu au milieu de cette agitation, comme si toute la réussite de son équipe n'avait que reposer que sur elle. Hector la laisse frimer. Je le surprends une ou deux fois à me regarder avec un petit sourire méchant aux lèvres, comme pour me mettre au défi de protester. Cela me donne envie de lui mordre le nez, un instinct probablement provoqué par mon quart de sang lupin.

Je me rends à la deuxième épreuve, un peu plus confiant que pour la première. Après tout, je ne me suis même pas ridiculisé. J'ai effectué un vol stationnaire exemplaire et j'ai failli arriver premier à la course. Tout cela veut dire que je ne suis pas si nul que cela. Peut-être même suis-je relativement bon. Oui, je dois m'en persuader.

M. Marlin nous attend dans la même clairière que la dernière fois. Il semble encore plus excité que l'autre jour et s'est vêtu aujourd'hui d'un costume rouge vif qui fait un peu mal aux yeux à regarder. Les caméras volantes sont à nouveau de la partie et se contentent, pour le moment, de tourner autour du proviseur qu'elles filment sous tous ses angles.

J'observe les environs, essayant de deviner ce qui nous attend. Je remarque des grandes formes recouvertes de draps derrière le proviseur. Chacune d'entre elles est différente et il est difficile de déterminer de quoi il pourrait s'agir. J'ai l'impression de sentir des pulsions provenir de ces formes, ce qui ne me dit rien qui vaille.

— C'est reparti pour une matinée de folie, clame M. Martin dans le micro, comme s'il était le présentateur vedette de je ne sais quelle émission télévisée. Les élèves de seconde sont-ils prêts pour de nouvelles sensations fortes ?

Aucun de nous ne lui répond, ce qui ne paraît pas ternir sa bonne humeur. Il reprend son petit discours comme si de rien n'était.

— La deuxième épreuve sera une épreuve de réflexion et de coordination. L'objectif est de parvenir à activer l'un de ces artéfacts.

D'un geste nonchalant de la main, il fait glisser les draps qui recouvraient les formes derrière lui. Nous découvrons alors une série d'objets hétéroclites. Le plus grand est un bureau de style ancien avec un bois marbré et des pieds tordus. Le plus petit est une statuette de lion allongé que je serai bien incapable de dater. À présent que je les observe découverts, il me semble apercevoir autour d'eux un léger halo.

— Tu sais ce que sont les effets de ces trucs-là ? me souffle Auguste à l'oreille, alors qu'il a été mon binôme en cours d'artéfacts et sait donc plutôt bien que je ne suis pas particulièrement doué dans cette matière.

Le proviseur ne me laisse cependant pas le temps d'avouer mon ignorance.

— Chaque équipe va se voir attribuer un artéfact particulier. Le but du jeu sera de l'activer le plus rapidement possible. Ces artéfacts ont une même particularité : ils peuvent être utilisés par des créatures dépourvues de magie sous la condition d'y insérer un certain nombre de pierres d'arcane préalablement enchantées. Dans le cas présent, six pierres sont nécessaires. Ces dernières ont été cachées un peu partout dans le lycée par mes soins. Chacune d'entre elles est bien entendue protégée par des pièges qu'il vous faudra déjouer.

Bien entendu. Je soupire, fatigué par avance. Pourquoi mon géniteur aime-t-il autant les pièges ? Je crois que je ne parviendrais jamais à le comprendre sur ce point-là. Et sur beaucoup d'autres, d'ailleurs. Comme quoi, la génétique n'explique pas tout. D'ailleurs je n'ai pas non plus le même caractère que Maman, alors qu'elle m'a élevé et que je suis (apparemment) son enfant préféré.