Le lycée des Surnaturels (tome 2)

Chapitre 24

Je me rends le lendemain à un cours de magie alors que je ne maîtrise toujours pas la manipulation du moulinage de petit doigt (je n'ai pas eu le courage de m'y remettre avec l'épisode de la licorne). Par contre, je sais créer des incendies et des inondations. Peut-être suis-je finalement une fée liée aux catastrophes. Je sais qu'il ne s'agit pas vraiment d'un élément, mais je commence tout de même à me poser des questions. Pourquoi est-ce que toutes mes actions débouchent systématiquement sur un désastre ? C'est un peu lassant, à la fin.

M. Marlin arrive un peu en retard, pour conserver ses bonnes habitudes, et nous sourit à Hector et à moi en entrant.

— Et alors, comment se sont passés vos entraînements communs ?

Il pose son sac sur son bureau et en sort des feuilles et des stylos qu'il étale un peu partout, comme s'il avait besoin d'avoir du bazar devant lui pour fonctionner.

Hector et moi nous raidissons. Sans même m'accorder un regard, le magicien boutonneux déclare :

— Nous n'avons pas trouvé le temps de le faire, Monsieur.

Le proviseur nous jette un regard quelque peu suspicieux.

— Pas même pendant cinq minutes ?

— Euh... non, j'admets d'une petite voix même si, pour être parfaitement honnête, je suppose que nous aurions pu dégager ces cinq minutes, par exemple, dans mon cas en passant moins de temps sur TikTok (il est facile de se laisser happer par cette application).

Le proviseur nous contemple un instant sans un mot. Je baisse la tête pendant qu'Hector reste impassible, sans doute parce que M. Marlin n'est pas son géniteur et qu'il n'éprouve donc aucune mauvaise conscience à l'idée de l'avoir déçu.

— Je vois..., fait finalement le proviseur en s'asseyant derrière son bureau. Essayez tout de même de dégager un peu de temps pour cela. Les magiciens ne sont plus très nombreux. Il est donc plus important que jamais de nous serrer les coudes, n'est-ce pas ?

Hector et moi hochons la tête sans conviction.

— D'ailleurs, j'ai convié pour notre cours d'aujourd'hui votre seule camarade magicienne de terminale, Estelle Laroche. Elle viendra vous faire une démonstration et vous donnera des conseils pour vous améliorer. Cela sera un très bon exercice à la fois pour elle et pour vous. En attendant son arrivée, nous allons anticiper légèrement sur le programme consacré aux pentacles qui nous attendra après les vacances de février et votre voyage en Écosse. La création de pentacles repose en effet sur la pratique des glyphes qui est à maîtriser en amont. Qui peut me dire ce qu'est un glyphe ?

Je me creuse la tête, car il me semble avoir lu ce mot dans les quelques pages que j'ai déjà parcourues de la Magie pour les nuls. Hector est cependant plus rapide que moi et répond sans même lever la main, sans doute parce qu'il avait pris l'habitude d'être le seul élève de ce cours.

— Un glyphe est un trait gravé utilisé notamment par les écritures anciennes.

Le proviseur hoche la tête.

— Tout à fait Hector. Et pouvez-vous me donner un exemple de glyphes ?

— Les hiéroglyphes, Monsieur, utilisés en Egypte. D'autres civilisations, comme les Aztèques ou les Mayas, employaient également ce genre de système.

— Exactement.

Le boutonneux prend un air satisfait qui ressemble à celui de Morgane et je me retiens de lever les yeux au ciel. Cela dit, moi aussi je sais pour une fois ce que sont des hiéroglyphes, notamment parce que ma jumelle est fan de films d'horreur du type La momie ou Le retour de la momie. Mais je ne le signale pas à M. Marlin, car cela ne me paraît pas très en rapport avec le cours d'aujourd'hui.