Chapitre 44

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Je suis soulagé de quitter enfin le silence oppressant de la bibliothèque. J'avais fini par me cacher derrière un énorme grimoire aux pages cornées, tout aussi incompréhensible que les autres, pour y ouvrir discrètement La magie pour les nuls qui, fort heureusement, avait un chapitre consacré aux pentacles. Au moins, le texte de Muriel Toulemonde est plus clair et elle a le mérite d'écrire en français et non dans je ne sais quelle langue disparue depuis longtemps. J'ai pu prendre quelques notes pour notre exposé.

À part cela, curieusement, la séance ne s'est pas si mal déroulée que cela. Je veux dire que Hector n'a pas à nouveau cherché à me faire arrêter par un douanier ou à me forcer à voyager dans le temps et que, de mon côté, j'ai laissé sa veste tranquille. Même si ce n'est pas l'envie qui me manquait. Simplement la bibliothécaire (qui est une vampire assez revêche) aurait certainement été contrariée de voir son espace de travail soudain rempli d'abeilles. Et puis je ne sais toujours pas comment je m'y étais pris, l'autre fois.

Mon téléphone vibre alors que je gagne le corps principal du bâtiment. C'est Auguste qui veut savoir comment notre séance s'est passée. Lui aussi craignait que Hector ne mijote un nouveau mauvais coup, après ce qui est arrivé en Écosse. Il voulait venir avec moi pour jouer au garde du corps, mais avait une séance d'entraînement de combat de loups au même moment. 

"Tout s'est bien passé", je lui réponds, ce qui est presque vrai.

"On se retrouve dans ta chambre d'ici cinq minutes ?" répond-t-il.

J'accepte machinalement, même s'il est tard et que nous n'allons pas tarder à aller manger. Nous aurions parfaitement pu nous retrouver à la cantine plutôt que dans ma chambre et... et...

Les quelques neurones présents dans mon cerveau se mettent soudain à frémir. Et si mon petit ami voulait me retrouver dans ma chambre pour... pour... Pour faire ce que Nour et Jérémie faisaient l'autre jour. Ou même pour... pour bien pire.

Un goût acide envahit ma bouche, comme si je venais de mordre dans un cornichon.

J'agite les doigts dans tous les sens. Il est inutile de paniquer. Il s'agit de quelque chose que les petits amis finissent souvent par faire. Des milliards de gens en ont fait de même avant moi sans en mourir. Il n'y a aucune raison pour que...

Je m'arrête net en apercevant un mouvement sombre devant ma porte. Un frisson d'inquiétude grimpe le long de ma colonne vertébrale. Le cœur battant, j'appuie sur l'interrupteur du couloir, prêt à fuir en sens inverse à toutes jambes au cas où une nouvelle créature effrayante me menaçait, et découvre un loup en train de faire les cent pas. En me voyant arriver, l'animal trottine dans ma direction d'une démarche curieusement maladroite, comme s'il n'était pas très à l'aise avec ses propres pattes.

Je fixe le loup, très surpris. Bon, il ne paraît pas présenter une menace très importante. Il se contente d'ailleurs de me tourner autour en poussant de petits gémissements plaintifs.

— Euh... oui, vous désirez ? je demande.

Je n'ai pas la moindre idée de qui il s'agit. Pas d'Auguste, en tout cas, car il est sensiblement plus grand et a une fourrure blanche. Cet individu-là a le poil brun clair, d'une couleur très proche de celle de mes cheveux, et n'est pas très haut sur patte.

Le loup pose le bout de son museau sur ma main en gémissant à nouveau.

— Je ne comprends rien à ce que vous souhaitez me dire, je déclare à voix haute.

Il roule des yeux, visiblement agacé, et fait plusieurs tours sur lui-même, ce qui ne m'avance pas beaucoup plus.

Auguste débarque soudain à ce moment-là et je n'ai jamais été aussi content de le voir, malgré le projet qu'il a élaboré. Je le vois regarder le loup, l'air surpris.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant