Chapitre 57

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Le lendemain matin, j'entre dans la salle de magie et me prépare à sortir une copie double, à moitié persuadé que M. Marlin va nous refaire le coup de l'interrogation surprise (ma prof de techno de troisième était comme ça). Le proviseur ne fait cependant pas mine de nous distribuer quoi que ce soit.

— Je me suis dit qu'il serait intéressant de consacrer le premier cours de la rentrée aux duels magiques, puisque cela semblait être votre souhait, annonce-t-il avec un sourire réjoui.

Je sursaute. Notre souhait ? Le souhait de Hector, plutôt. Il est rare que le boutonneux et moi-même ayions les mêmes envies. La seule chose que nous semblons partager est notre intérêt pour ma jumelle. Enfin, même si nos deux intérêts n'ont pas du tout la même nature, bien sûr.

Le boutonneux prend son ton de lèche-bottes.

— Avec grand plaisir, Monsieur.

M. Marlin lui sourit. Je réprime un grognement.

— Parfait. Commençons sans plus tarder. Mettez-vous l'un en face de l'autre au centre de la pièce. Je vous demanderai simplement de faire attention au matériel qui est y stocké. J'ai là quelques artéfacts assez fragiles que je serais peiné de voir pulvérisés.

P... pulvérisés ? Comment ça "pulvérisés" ?

Hector s'est déjà levé, tout prêt à se diriger vers l'endroit indiqué d'un pas bondissant. Je reste de mon côté le postérieur visé sur ma chaise. Je n'ai pas la moindre envie d'être pulvérisé. Et où est passée la théorie ? Depuis quand passe-t-on directement à la pratique ?

— Un problème, Vivien ? s'enquiert le proviseur.

J'hésite un instant à refuser de combattre, en prétextant du caractère pacifique des fées.

Puis je vois Hector m'adresser un sourire mauvais derrière le dos de M. Marlin. Il articule quelque chose sans émettre de son qui semble vouloir dire :

— Tu as peur, petite fée ? Ne t'inquiète pas. Je sais que tu ne fais pas le poids contre moi. Je ferai en sorte de ne pas te faire trop mal.

Mes sourcils se froncent. Peur ? Moi ? De ce sale type ?

Je me lève à mon tour.

— Non, aucun problème, Monsieur.

La théorie peut aller se faire voir.

Je me dresse de toute ma hauteur et tire sur le bas de ma veste qui s'était un peu froissée.

— Bien, nous dit M. Marlin. Sachez que les duels magiques sont régis par quelques règles. À vrai dire, je ne les ai plus toutes en tête. Sachez notamment qu'il est interdit d'y utiliser des armes humaines. Par exemple, si Vivien décidait de sortir un révolver pour tirer dans la poitrine d'Hector, il serait malheureusement disqualifié. Et risquerait d'avoir quelques problèmes avec le Grand Conseil, mais c'est une autre histoire.

Je me retiens de lever les yeux au ciel. Même si je savais comment me procurer un revolver (ce qui n'est pas le cas), je ne l'utiliserai jamais pour tuer l'un de mes camarades. Même le boutonneux que je ne porte pas vraiment dans mon cœur. Même s'il ne cesse de m'humilier depuis que nous nous sommes rencontrés. Même s'il m'a forcé à voyager dans le temps. Même si je le soupçonne d'avoir poussé un douanier à m'arrêter et d'avoir enchanté mon petit ami et sa correspondance pour qu'ils s'imaginent être follement amoureux l'un de l'autre. Et même s'il sort avec ma propre sœur jumelle.

Je me dis soudain qu'il ne faudrait pas que Hector meure dans des circonstances mystérieuses, car je risquerais bien d'être le principal suspect, avec tous ces arguments. Même moi je me soupçonnerais. C'est dire. En plus, j'ai déjà des problèmes avec le Grand Conseil. 

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant