Le lycée des Surnaturels (tome 2)

Chapitre 70

J'ai tout déballé à Auguste le lendemain et, ensemble, nous sommes allés voir le proviseur.

M. Marlin m'a réprimandé un moment en me disant que j'aurais mieux fait de lui parler plus tôt de tout ce qui m'était arrivé.

— Je pensais pourtant que nous étions proches, a-t-il conclu, l'air de bouder.

J'ai manqué de lever les yeux au ciel. Ce n'est pas parce que le proviseur est mon géniteur que nous sommes devenus automatiquement proches. Il est (un peu trop) proche de Maman, certes, mais pas de moi. Et encore moins de Morgane.

Puis le proviseur a convoqué Lisa qui a été renvoyée. Elle est partie discrètement en fin de journée, sans dire un mot à personne. Quant à Estelle, elle passera devant le conseil de discipline du lycée dans quelques jours. En attendant, elle est simplement suspendue. J'ignore ce qui lui arrivera et je dois dire que je m'en moque. Pour le moment, je me préoccupe plus de la troisième épreuve dont le jour arrive bien trop tôt à mon goût.

Le matin de cet événement, je me conforte tant bien que mal en me disant qu'il s'agit de la toute dernière épreuve et qu'après cela je pourrais plus ou moins me considérer comme en vacances. Il restera officiellement quelques jours de classe, mais je doute qu'on y travaille réellement. Ou alors on fera semblant. Sauf en cours de mathématiques, peut-être. Le prof ne donne pas l'impression d'être le genre à organiser un goûter pour le dernier cours.

Le soleil du mois de juin brille au-dessus de nos têtes comme pour nous narguer. J'ai déjà trop chaud rien qu'en marchant.

— Je suis certain que nous allons à nouveau tout déchirer, assure Auguste alors que nous sommes presque arrivés.

Le lieu de rendez-vous n'est pas le même que pour les deux autres épreuves. Cette fois-ci, le panneau d'affichage qui nous attendait ce matin nous a signalé que nous devions nous rendre à 15 h devant la tour du Nord. J'ai déjà visité cet endroit. C'est la tour où Auguste, envoûté par Titania, m'avait un jour donné rendez-vous et du sommet duquel il avait chuté. Ce même soir, j'avais découvert l'existence de mes ailes, ce qui fait que ce lieu m'évoque à la fois des bons et des mauvais souvenirs.

Mes ailes, quant à elles, frétillent dans mon dos. Elles se sont parfaitement remises de notre combat contre Estelle et sont prêtes à être utilisées à nouveau, même si je leur en veux un peu de m'avoir laissé tomber face à Lisa. Elles-mêmes n'éprouvent qu'une vague culpabilité. J'ai l'impression qu'elle trouve que j'ai été idiot de m'isoler avec cette louve et que nous aurions mieux fait de prendre Auguste avec nous.

Certes.

Les gradins ont manifestement été déplacés depuis la dernière fois. Les élèves de première et de terminale sont en train de s'installer. Les vampires, qui ont la peau fragile, étalent de la crème solaire sur leurs visages.

La plupart des équipes sont déjà là. Ma jumelle, les yeux dans le vide, a son teint verdâtre habituel. Hector est planté à côté d'elle, les mains dans les poches, et ne cherche pas à lui faire la conversation. Une nouvelle fois, je me demande ce que ma propre sœur trouve à un tel individu. À moins que son but soit d'obtenir de lui des bébés qui seraient à la fois des fées et des magiciens, comme nous-mêmes ? Possible...

L'estrade avec un micro devant laquelle M. Marlin avait parlé la dernière fois reste vide. Le procureur se fait attendre alors que l'épreuve est censée commencer dans deux minutes.

Nous nous rassemblons par équipe. Contrairement aux élèves sur les gradins, nous n'échangeons que de rares paroles, plutôt nerveux. Je me place dans l'ombre d'Auguste pour ne pas trop cuire au soleil. Je commence à regretter de ne pas avoir pris moi-même de la crème solaire. Je devrais peut-être emprunter la sienne à Nour ? Elle est en train d'en mettre à ce moment à Jérémie, même si il en a moins besoin qu'elle.