Chapitre 54

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Nous arrivons à Paimpont dès le lendemain du départ d'Auguste. Maman gare la voiture sur le parking à l'écart du village.

— Tu n'as pas dit à Grand-mère, hein, pour notre héritage lupin ? s'inquiète soudain Morgane en détachant sa ceinture de sécurité.

Maman secoue la tête avec un air horrifié. Elle retire la clef de contact ornementée d'un porte-clefs en forme de tête de chat.

— Bien sûr que non ! Cela dit, elle se doute bien de qui est votre géniteur... Il y a une période où Armand et moi étions comme cela.

Elle lève la main droite et nous montre deux doigts entortillés.

Ma jumelle paraît à la fois soulagée (par la première phrase, je suppose) et agacée (par la dernière phrase, de toute évidence). Apparemment, elle craint de ne plus être la favorite de Grand-mère si cette dernière apprend qu'elle se transforme occasionnellement en louve. Ce qui est sans doute vrai. Grand-mère n'est pas très ouverte d'esprit envers les autres espèces. Ni envers grand-chose, d'ailleurs.

Je tire ma valise et celles de mes sœurs hors du coffre en soupirant par avance à l'idée des vacheries que Grand-mère ne tardera pas à me lancer. Je devrais peut-être investir dans de discrets bouchons d'oreilles qui me rendraient momentanément sourd. Je pourrais alors me contenter de hocher la tête de temps en temps, pour faire semblant de suivre. Même si mon avis est rarement demandé. Et quand il l'est, autant vous dire qu'il n'est pas écouté. Et donc encore moins suivi.

Morgane avance en tête, plongée dans ses pensées. Mélusine trottine juste derrière elle en jacassant comme une pie. Oriande a insisté pour ne pas être portée. Elle avance fièrement un pas après l'autre, la main serrée dans celle de Maman. Quant à moi, je me place tout à la fin de cette procession, encombré par ma valise et celle que Mélu m'a refilée, espérant me faire oublier. Pour me changer les pensées, je pense à Auguste. Il me manque déjà. J'avais pris l'habitude de me réveiller en sentant son corps chaud à mes côtés (il est venu squatter mon lit toutes les nuits, mais en tout bien tout honneur, hein ?).

Mélusine sort ses ailes dès que nous arrivons dans le village. Comme au lycée, un enchantement nous protège des regards indiscrets des humains et nous pouvons donc nous permettre d'être nous-mêmes. Mon abominable petite sœur peut donc s'élancer dans les airs en braillant :

— Grand-mère ! Grand-mère ! On arrive !

Génial. Aucun répit avant d'affronter le dragon.

Plusieurs fées, attirées par ce vacarme, sortent de leurs maisons pour nous saluer. J'aperçois Titania parmi elles et nous échangeons des signes de main. J'avais oublié que sa famille habitait là. Au moins, cela me fera quelqu'un de sympathique à fréquenter.

De son côté, Morgane se crispe en voyant sa rivale. Ma jumelle est incapable de bien s'entendre avec une autre fée douée pour le vol.

Ça y est, Grand-mère est en vue et daigne s'avancer dans notre direction. Mélusine redescend au sol pour lui faire un câlin (mon abominable petite sœur n'a peur de rien).

— Alors, ma chérie, tu as été appliquée à l'école ?

Mélu hoche la tête avec enthousiasme.

— Oui Grand-mère ! Et il y a un garçon de ma classe qui a dit qu'il aimait bien mes baskets roses à paillettes ! Si ça se trouve, il est amoureux de moi et j'aurais un petit ami ! Comme Vivi !

— Hum, répond Grand-mère.

Elle embrasse alors Maman et tapote la tête d'Oriande qui la gratifie d'un "non beurk".

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant