Chapitre 33

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Nous passons l'essentiel de la traversée sur le pont, Auguste n'ayant apparemment pas le pied marin. Le teint verdâtre, il prend de profondes inspirations d'air frais tandis que j'essaie de nous couvrir tous les deux avec un parapluie. Le vent ne rend pas cette dernière opération très aisée. Peu importe. Je préfère être mouillé avec Auguste que sec sans lui. Et puis il est plus agréable de faire le trajet immobile dans un coin, plutôt que de voler dans les airs.

Je ressens un picotement dans les omoplates, comme si mes ailes m'approuvaient.

Une phrase est soudain baragouinée à travers un haut-parleur.

— Je crois que cela veut dire qu'on arrive, marmonne mon petit ami d'une voix pâteuse.

Je me penche depuis le pont pour essayer de distinguer l'Ecosse, curieux de découvrir enfin une contrée étrangère, mais le port d'Edimbourg est noyé dans une brume épaisse. Lorsque je finis enfin par distinguer les premiers bâtiments portuaires, Mme Bihan vient nous demander de nous rassembler pour nous préparer à descendre.

Je me fige soudain. Un nouveau contrôle de douane nous attend.

Je me tourne vers Auguste, paniqué.

— Qu'est-ce que je vais faire ?

— Montrer ton passeport. Cette fois-ci je resterai à tes côtés et on verra bien ce qui se passera.

Il se redresse et passe une main dans ses cheveux ébouriffés. Je le vois s'efforcer de prendre un air féroce que son teint toujours blafard ne rend pas très convaincant. À l'instant présent, il ressemble plus à un chiot épuisé qu'à un féroce loup. Cela dit, sa présence me rassure quand même.

Le douanier écossais ne paraît cependant rien remarquer d'anormal et me rend mon passeport en me faisant signe d'avancer.

— Tu vois bien qu'il s'est passé quelque chose de pas net, au départ, commente Auguste, obstiné.

Ce faisant, il fusille Hector du regard. Ce dernier se trouvait un peu devant nous en compagnie de Morgane à qui il est en train d'expliquer je ne sais trop quoi avec animation. À quel point il est doué et merveilleux, je suppose.

Sauf que quelque chose ne colle pas très bien. Hector n'est pas un très bon acteur. S'il m'avait fait une nouvelle vacherie, il aurait certainement trouvé l'occasion de s'en vanter à un moment ou à un autre. Faire comme si de rien n'était n'est pas son genre.

— Ecoute, je réponds finalement. Ne nous préoccupons pas de cela pour le moment, d'accord ? J'ai envie de profiter de notre séjour. On mènera l'enquête en rentrant.

Les sourcils d'Auguste se froncent.

— Je n'aime pas cela. Quelqu'un s'en prend à toi. Il doit le payer.

Je pose une main sur sa poitrine.

— Je sais, je sais. Il ou elle le paiera. Mais plus tard.

Nous sommes arrivés à l'extérieur et j'effectue mes tout premiers pas sur un territoire étranger. Auguste respire profondément, paraissant reprendre des forces grâce à l'air vivifiant.

Mme Bihan nous fait signe de nous rassembler devant un bus qui va nous permettre apparemment de terminer notre périple. Tout excité, je constate qu'il s'agit d'un bus à deux étages, comme dans les films.

— Allons nous mettre tout en haut ! je dis à Auguste.

Le loup me suit, l'air amusé.

— Tu n'étais encore jamais allé au Royaume-Uni ? veut-il savoir alors que nous gravissons les quelques marches.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant