Chapitre 35

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Je suis tiré de mon sommeil le lendemain par le son d'un réveil énergique, l'esprit encore embrouillé.

— Good morning ! s'exclame une voix qui n'est certainement pas celle de Jérémie.

— Qu... Humph... ? je marmonne en bataillant pour desceller mes paupières.

Des cheveux roses pendent au-dessus de moi. J'ai un mouvement de recul avant de me souvenir de l'existence de Moira. Oui, c'est vrai, je suis en Écosse, chez ma correspondante !

Je me redresse en bâillant. J'ai mal à tous mes muscles, en particulier à certains dans le dos dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Voler derrière un bateau un jour de tempête n'est franchement pas la meilleure des idées. On ne m'y reprendra plus.

Moira est déjà en train d'attraper son uniforme, pleine d'énergie, ce qui me change de Jérémie qui n'est pas vraiment du matin. Elle se dirige vers sa petite salle de bain privée de son pas bondissant, suivie de près par ses chaussons artéfacts qui se frottent contre ses mollets, paraissant attendre des caresses.

Je farfouille dans mon sac jusqu'à mettre la main sur mon portable. J'ai reçu un SMS ! Je clique aussitôt dessus et constate, un peu dépité, qu'il provient de Maman qui me demande si je suis bien arrivé. Rien du côté d'Auguste qui n'a d'ailleurs toujours pas lu mon message.

Mon ventre se creuse. Je n'ai même pas le cœur à répondre à Maman. J'aurais bien aimé que mon petit ami m'envoie au moins un émoji, ou n'importe quoi d'autre me prouvant qu'il est toujours en vie. Non que je soupçonne sa correspondante de l'avoir assassiné, bien sûr. Mais, bon, on ne sait jamais. Les loups peuvent être sanguins.

Je secoue la tête. Inutile de commencer à paniquer.

Tant qu'à avoir mon téléphone entre les mains, je jette un coup d'œil habituel sur TikTok. Rien de bien nouveau. Mes exploits au port de Roscoff sont heureusement passés inaperçus. Grand-mère m'aurait tué, sinon.

Moira ressort de la salle de bain en uniforme, ses cheveux mouillés enveloppés dans une serviette.

— Où sont donc mes bijoux ? Ah, ici !

Elle tend les bras en avant et, hop, ses bracelets viennent s'enfiler d'eux-mêmes sur ses poignets. Voilà qui est bien pratique. J'aimerais pouvoir en faire de même pour nouer ma cravate le matin, mais je risquerais sans doute de m'étranger, doué comme je le suis.

Je vais prendre une douche à mon tour.

Il pleut toujours lorsque nous gagnons la rue. Je sors mon parapluie pendant que Moira se recouvre d'une sorte de grande cape imperméable du même rose que ses cheveux.

Le chemin jusqu'au lycée est plutôt raide. Je ne suis là que depuis un jour et je commence déjà à en avoir assez de toutes ces montées. Je vais finir avec des courbatures aux jambes, en plus de mon mal de dos.

Comme l'Institut Excalibur, le lycée des créatures surnaturelles d'Édimbourg est placé au beau milieu de la ville humaine. Comme il fait jour, je prends le temps de l'observer plus attentivement qu'hier. C'est un édifice imposant, construit avec la même pierre grise que la plupart des autres bâtiments du quartier historique, avec une architecture gothique assez saisissante. De hautes tours s'élèvent vers le ciel, ornées de gargouilles et de sculptures anciennes représentant des créatures fantastiques.

La cour intérieure est bien plus réduite que le parc de mon propre établissement. Elle est cependant aménagée avec soin et remplie de verdure. Des sentiers sinueux en pavés mènent à des fontaines entrecoupées d'arbres immenses, aux branches entrelacées. Il ne doit pas être désagréable de s'y poser l'été. Le froid du mois de février n'incite guère à flâner et je suis soulagé lorsque nous franchissons une vaste porte d'entrée qui paraît avoir été conçue pour un géant.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant