Le lendemain après-midi, Maman effectue un trajet de deux heures pour nous amener au port de Roscoff où un bateau nous attend pour l'Écosse, car le lycée a fait le choix un peu plus écologique de préférer la mer à l'avion.Assis comme d'habitude à l'arrière, je me trouve coincé entre Mélusine et Oriande. Ma plus jeune sœur ne cesse de se trémousser sur son siège auto, toute fière. Nous avons passé la soirée d'hier à faire la fête en son honneur. Depuis, elle ne cesse d'utiliser ses nouveaux pouvoirs. À l'instant même, elle est en train de faire germer sa ceinture de sécurité.
— Il ne faut pas faire ça, Oriande, je lui explique. Nos dons sont à utiliser avec modération et ne doivent en aucun cas être montrés aux humains. Tu comprends ?
— Non ! assure-t-elle joyeusement, ce qui promet.
La plupart de nos camarades semblent déjà arrivés lorsque nous nous garons. Nous n'avons pas eu le droit de porter nos uniformes, pour ne pas attirer l'attention, mais il n'est pas difficile de reconnaître notre groupe à son agitation palpable. Les élèves, dispersés en petits groupes, discutent avec animation, leurs valises éparpillées autour d'eux.
Le bateau qui doit nous amener en Ecosse est amarré non loin. C'est un grand ferry peint en blanc avec des bandes bleues et rouges qui courent le long de sa coque. Ses ponts supérieurs brillent sous les lumières du port, créant des reflets scintillants sur l'eau sombre. Les doigts collés contre la vitre du côté de Mélusine, je prends un instant pour l'admirer.
Morgane a déjà bondi hors du véhicule, avant même que le moteur ne soit coupé. Elle se précipite vers le coffre pour sortir nos deux valises. Elle les porte comme une humaine, pour rester discrète dans ce lieu public, et je sens bien son agacement. S'il ne tenait qu'à elle, elle utiliserait ses pouvoirs pour tous les gestes du quotidien, y compris les plus simples à réaliser.
Maman nous envoie un dernier baiser depuis la portière de la voiture.
— À bientôt, mes chéris. Envoyez-moi des photographies. Comme vous avez de la chance de visiter l'Écosse !
— Moi aussi je veux aller en Écosse, ronchonne Mélusine depuis son siège enfant.
— Quand tu seras au lycée, lui répond Morgane.
La petite gonfle ses joues.
— Mais c'est dans super super loooongtemps !
— Non, Vivi ! gémit Oriande de son côté, l'air toute triste.
Je leur adresse un signe de main à toutes les deux.
— À une prochaine fois. Soyez sages et obéissez à Maman.
Mélu se penche par la fenêtre.
— Et toi, Vivi, essaie de ne plus dévoiler l'existence des créatures surnaturelles à l'humanité toute entière !
Mes joues s'empourprent et je m'éloigne dignement sous les ricanements de cette petite peste.
— Hé ! Prends ta valise ! proteste Morgane en me courant après.
Ce faisant, je tapote la poche de mon manteau pour vérifier une énième fois que j'ai bien toujours mon passeport. Maman nous en avait fait faire un à tous il y a deux ans, à une époque où elle sortait avec un Canadien qui nous avait invités à venir lui rendre visite à Montréal. Mais Maman l'avait désenvoûté avant que le voyage - de toute façon trop coûteux - ait pu se faire. Je vais donc l'utiliser aujourd'hui pour la toute première fois.
Il a momentanément arrêté de pleuvoir, même si le ciel reste très sombre. Si vous voulez mon avis, on va se prendre une douche d'ici peu.
Je me retourne en entendant un bruit de moteur. Je ressens mon petit pincement au cœur habituel en voyant la voiture jaune s'éloigner. Ledit pincement s'estompe cependant lorsque j'aperçois la silhouette d'Auguste parmi les élèves déjà rassemblés. Je m'avance vers lui en me sentant soudain tout léger.
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Le lycée des Surnaturels (tome 2)
FantasyTome 2. La lecture préalable du tome 1 est indispensable. Après les événements de la Tour Eiffel, Vivien fait sa rentrée à l'Institut, plus stressé que jamais. Il doit faire face à ses actes en plus d'apprendre à contrôler ses nouveaux pouvoirs. Et...