Chapitre 41

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Le lendemain matin, je me résous à mettre le réveil plus tôt pour aller rejoindre ma jumelle sur son lieu d'entraînement. Je m'y rends aujourd'hui, mais je ne vais tout de même pas accompagner ma jumelle tous les matins. Une fois de temps en temps suffira très bien. Après tout, nous ne visons pas le même objectif. Morgane veut devenir la fée la plus rapide du lycée (voire du monde, si ça se trouve) tandis que je cherche simplement à ne plus me ridiculiser sans arrêt. Cela ne nécessite pas de fournir la même dose d'effort. Je ne suis quand même pas si nul que cela. Même M. Marlin trouve que j'ai fait des progrès.

Une silhouette dans la brume est déjà présente du côté de la piste lorsque je me pointe. J'ai mis mes vêtements de sport, tandis que ma jumelle a enfilé sa combinaison de vol et noué ses cheveux bruns dans un gros chignon pour qu'ils ne la gênent pas. Ses ailes sont déjà sorties. Les miennes restent pour le moment bien au chaud dans mon dos, car la température ne doit pas dépasser les 8 degrés et qu'elles sont frileuses.

— Ah te voilà, grommelle Morgane en guise de bonjour. Commençons sans plus tarder l'échauffement. Mets-toi en position.

— Et ton aile transpercée ? je lui demande pour gagner du temps.

— Je peux à nouveau l'utiliser sans restriction. Mais elle est devenue toute raide.

Elle fait alors effectuer à ses ailes d'impressionnants mouvements de gymnastique que les miennes seraient bien incapables de réaliser, blessées ou non. Apparemment impressionnées, elles sortent de mon dos, tentent d'imiter la manœuvre et se débrouillent pour se cogner l'une à l'autre.

Morgane commence par me demander de faire un tour de piste en volant le plus rapidement possible. Je m'exécute sans discuter et elle en fait de même de son côté. Je le sais, car une fusée me dépasse soudain à vive allure. Un souffle d'air me fouette la figure. Je ne me laisse pas déstabiliser. J'ai déjà résisté à bien pire. D'ailleurs, je trouve que je vole beaucoup plus droit qu'avant. Il faut croire que vadrouiller derrière un ferry une nuit de grand vent à du bon. Même si je précise, pour rassurer mes ailes, que je n'ai pas l'intention de recommencer un jour.

Vrooom.

Morgane me dépasse une seconde fois alors que j'ai presque achevé mon tour. Déjà fatigué, je franchis la ligne d'arrivée fictive et mets pied à terre. Ma jumelle se pose non loin de moi, les sourcils froncés.

— Ça ne va pas ? je m'inquiète en reprenant mon souffle.

Elle se mord la lèvre.

— Je ne suis plus aussi rapide qu'avant.

Je lui jette un regard surpris.

— Moi je trouve que si. En tous cas, tu vas bien plus vite que moi !

Ma jumelle me fusille du regard.

— Cela n'a rien de... de... Enfin, laisse tomber.

Je sais très bien qu'elle était sur le point de répliquer qu'être plus rapide que moi n'a rien d'un exploit. Je suppose que je dois apprécier, au moins, qu'elle n'ait pas terminé sa phrase. C'est sans doute sa façon à elle de faire un effort.

— Allez, me houspille-t-elle sans se morfondre davantage, retourne dans les airs. Il faudra que tu maîtrises le vol stationnaire d'ici le tournoi interespèces. Comment feras-tu pour te mettre en position pour la course, sinon ?

Eh bien je ferai comme à l'entraînement, je suppose. Je tournerai en rond. C'est ce que font les fées aux ailes de papillon et ça ne paraît déranger personne.

— Comment as-tu fait, toi, pour l'apprendre ? je soupire sans faire part de ma dernière réflexion à voix haute.

Et non je ne pose pas cette question dans l'espoir de passer une partie de l'entraînement à glander. Je suis réellement curieux de connaître la réponse. Certes, une petite pause ne fait aussi rien de mal à personne.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant