Chapitre 29

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Les vacances de février finissent par se pointer, apportant avec elles un froid humide et des journées grises.

Quelques jours plus tard, je me retrouve dans le salon de notre maisonnette de Saint-Malo qui ne m'a jamais semblé aussi petite. Je suis avachi sur l'un des fauteuils, tandis que Maman lit sur le canapé et que Mélusine et Oriande jouent à la dînette sur le tapis. Enfin, c'est surtout Mélu qui joue. Ma plus jeune sœur se contente de taper par terre avec les casseroles en plastique, très contente du bruit qu'elle provoque. Quant à Morgane, elle est sortie un peu plus tôt dans la matinée en marmonnant qu'elle allait se promener sans donner plus de précision. Ce n'est évidemment pas à moi qu'elle a dit cela, puisqu'elle a apparemment décidé de me faire à nouveau la tête à vie. En tous cas, elle ne m'a dit un mot de tout le trajet en TGV l'autre jour, alors que nous étions assis l'un à côté de l'autre, même pas pour m'informer qu'elle me faisait la tête, ce qui aurait été la moindre des choses. Et elle ne m'a pas adressé non plus la parole une fois à Saint-Malo, alors que notre séjour ici est sur le point de s'achever. De toute façon, cette fois-ci, elle n'est pas la seule à être en colère. Je la revoie encore juché sur les genoux de ce sale type d'Hector, en train d'embrasser ses boutons. Beurk. Beurk. Beurk.

La magie pour les nuls fermé à côté de moi, je pianote sans conviction sur mon téléphone. J'ai essayé d'envoyer quelques messages à Auguste, pour m'occuper, mais il ne m'a pas encore répondu. Je crois qu'il devait skier toute la matinée. Je n'ai jamais pratiqué ce genre d'activité, mais je suppose que cela ne laisse pas l'occasion d'écrire à son petit ami... Même si j'imagine qu'il aurait tout de même pu se donner ce mal en prenant le remonte-pente, non ?

— Voulez-vous une tasse de thé, mâââdame ? demande Mélusine à Oriande.

Ori lui adresse un grand sourire. 

— Non !

Plouf ! Mélu fait apparaître de l'eau dans la tasse en agitant les doigts. Dans son enthousiasme, elle provoque un jersey qui vient m'asperger.

— Hé ! je proteste en mettant mon portable à l'abri.

— Pardon Vivi !

Ce n'est pas pour autant qu'elle paraît penaude.

Je pousse un soupir en m'enfonçant davantage dans le fauteuil. Je suis heureux d'être à la maison, mais une certaine nervosité ne me quitte pas. Le silence de Morgane, la pluie battante et mes propres pensées tourbillonnent dans ma tête dans une sorte de bruit de fond continuel. 

Mes yeux se promènent dans la pièce, glissant sur les meubles familiers et les objets épars. Je pince les lèvres en tombant sur un bouquet de pivoines complètement fané. Les pétales autrefois d'un rose vif sont marron aux extrémités et certains sont tombés sur le tapis. 

D'après Mélu, ces fleurs ont été envoyées à Maman par M. Marlin. Il paraît que Maman ne s'est même pas fâchée alors qu'elle n'aime pas que l'on coupe des fleurs, d'autant que la saison des pivoines n'a pas encore commencé et qu'elles ont donc certainement poussé dans une serre chauffée.

Je ne peux m'empêcher de m'interroger sur les intentions de M. Marlin. Est-ce un simple geste amical ? Je suppose que les amis peuvent très bien se faire ce genre de cadeau. N'est-ce pas ?

Je saute sur mes jambes, ne tenant plus en place.

— Je vais faire un tour.

Maman lève le nez de son livre.

— Mets bien ton imperméable, avec ce temps, me dit-elle. Et ne t'aventure pas trop près de la plage. Il paraît qu'une véritable tempête est attendue.

Le lycée des Surnaturels (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant