Le lycée des Surnaturels (tome 2)

Chapitre 45

Renonçant à s'attaquer à ses nœuds, Morgane se tourne vers moi, l'air un peu perdu, comme si elle avait soudain rajeuni de quelques années et était revenue à l'époque où elle n'était pas en permanence sûre d'elle. Ses mains tremblent et elle finit par les enfoncer dans ses poches pour camoufler son trouble. Enfin, techniquement il s'agit de mes poches, puisqu'elle porte mon pyjama. 

— Je me suis transformée en louve, voilà ce qui est arrivé ! glapit-elle d'une voix aiguë. 

Auguste se penche vers elle. Il s'est assis sur le lit de Jérémie et observe ma jumelle avec intérêt.

— Et pourquoi t'es-tu transformée en louve ? veut-il savoir d'un ton courtois.

Ma jumelle se mordille la lèvre.

— Je n'en sais rien !

— Quelle est la dernière chose dont tu te rappelles avant de te transformer ?

Elle plisse le front.

— Je ne me sentais pas très bien, comme si j'avais de la fièvre. J'ai voulu me rendre dans ma chambre pour m'étendre un moment. Mais, tandis que je marchais, j'ai été soudain envahie par une colère noire.

— Une colère contre qui ? je m'inquiète, des fois que j'en serais la cible, ce qui arrive souvent.

— Contre personne ! Elle est venue d'un seul coup. Mon corps s'est mis à trembler. Je mourrais de chaud. Et, tout à coup, j'étais par terre avec des poils partout ! J'ai aperçu mon reflet dans la vitre du tableau d'affichage et je me suis rendue compte que je m'étais transformée en une sorte de gros chien !

— En louve, marmonne Auguste entre ses dents.

Morgane l'ignore et se met à faire les cent pas dans la chambre pourtant étroite. Je suis obligé de me coller contre un mur pour lui laisser de la place pour sa déambulation. 

— Et je me suis précipitée pour demander de l'aide à la première personne à laquelle j'ai pensé.

Je me rengorge en comprenant que je suis la première personne vers qui ma jumelle se tourne lorsqu'elle a un problème. Moi, et pas Hector, qui est quand même supposé être son petit ami.

Mais elle ajoute tout de suite après :

— Mais j'aurais dû me douter que Vivien ne pouvait rien faire.

Mon torse se dégonfle d'un seul coup.

— Et pourquoi pas ? je demande, vexé.

— Ben qu'est-ce que tu as fait, à part appeler ton petit ami ?

— Eh bien quoi ? Mon petit ami a réglé le problème, non ? J'ai donc bien fait de l'appeler.

Je ne précise pas que ce n'est pas pour cette raison qu'Auguste est venu. D'ailleurs, je préfère ne pas penser à la véritable raison. Avec un peu de chance, les derniers événements auront fait tout oublier à mon petit ami.

— C'est vrai, reconnaît Morgane de mauvaise grâce. N'empêche, cette transformation était épouvantable.

Elle ressort une main et inspecte l'un de ses ongles pour vérifier son état.

— C'est certainement un coup d'Hector, je m'enflamme.

Morgane soupire.

— Et pourquoi mon petit ami aurait voulu me transformer en louve ? Parce qu'il est zoophile ? C'est ridicule, voyons !

Je me creuse la tête.

— Parce qu'il le peut ? J'imagine que les magiciens peuvent disposer de tels dons.